Et nous allâmes jusqu’à
l’endroit où nous prévoyions de creuser, déchargeâmes les outils et les bidons.
Nous traçâmes avec de la chaux la direction à prendre pour creuser. Le temps de
discuter un peu, il fut quatre heures et demie et nous entendîmes arriver le
camion avec la mini pelle. Nous redescendîmes à pied pour l’accueillir. Le gars
déchargea l’engin, il aurait bien voulu discuter, regarder le chantier de la
bergerie, mais Michel le rembarra assez sèchement au prétexte qu’on n’avait pas
le temps. Le chauffeur me montra rapidement le fonctionnement de la machine, il
salua, remonta dans son camion et s’en alla.
— Ouvre ton portail,
maintenant, que je rentre avec mon char dans ta forteresse, je criai assis sur
la machine.
Il ouvrit le portail et
je partis en direction de la colline. Une fois arrivé sur place, je me mis à
creuser. La pelle fonctionnait bien et j’arrivai à peu près à m’en sortir : creuser,
puis déblayer. J’entamai le pied de la colline et en effet, la terre
ressemblait assez à du remblai, une fois passée la mince couche de terre
végétale. Je continuai ainsi et à six heures passées, j’arrêtai la machine.
— Qu’est-ce que tu fais,
tu vas pas t’arrêter maintenant ? Me dit Michel.
— Si, j’ai invité mes
amis du Blédard au restaurant, je ne vais pas continuer toute la nuit, je lui
répondis. Je vis bien qu’il faisait la gueule, mais je descendis de la pelle,
je mis l’antivol et je mis la clé dans ma poche.
— T’as peur que je m’en
serve cette nuit ? me dit Michel.
— Je ne sais pas, mais je
suis responsable de l’engin, c’est moi qui ai fait le chèque de caution, c’est
moi qui garde la clé. Allez, je vais y aller, descend-moi jusqu’au portail en
voiture et tu m’ouvres.
Nous repartîmes donc et
nous donnâmes rendez-vous pour le lendemain à huit heures ici-même. Evidemment,
en arrivant chez René et Colette, je trouvai mon René dehors, aux nouvelles. Je
ne passerai pas à côté, me dis-je. Je le mis donc au courant de tout. Il était quand
même assez étonné de constater que je m’étais embringué dans une drôle
d’affaire. Et qu’en plus, j’avançais des fonds sur un résultat sinon hasardeux,
tout au moins spéculatif. Mais nous ne pûmes épiloguer longtemps car après un
brin de toilette, nous partîmes pour Villeneuve où j’avais réservé une table
pour nous trois au restaurant « A la gigogne ». Le nom m’avait plu, et je
m’étais fixé sur cela. René et Colette me brocardèrent un peu, car c’était le restaurant
le plus coté de Villeneuve. Nous y arrivâmes et prîmes place La carte était en
effet intéressante et les prix étaient en conséquence. Je précisai bien à mes
amis que je connaissais le niveau de l’établissement et que nous n’étions pas
ici pour faire des économies, mais que je souhaitais vraiment leur offrir un
repas de qualité. Nous en étions à regarder la carte quand entrèrent quatre
personnes, je reconnus Sylvie et je supposai que le malabar aux cheveux noirs
était son Roger de mari. Ils étaient avec un autre couple. Ils passèrent à côté
de nous et Sylvie, un peu surprise, me salua.
— Bonjour Monsieur,
dit-elle, bonjour madame, monsieur, ajouta-t-elle à l’intention de mes amis.
— Bonjour Madame, répondîmes-nous
en choeur.
— Tu connais ? Demanda
son mari.
— Un client du magasin,
lui répondit Sylvie en s’éloignant.
(à suivre...)
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