— Je t’écoute.
— Oui, mais sortons
d’abord. Car mon idée, il faut aller dehors pour la comprendre.
Nous sortîmes et Michel
reboucha l’entrée avec les bottes de paille. Il m’emmena plus loin, le long de
la colline.
— Tu as vu comment part
le tunnel, en fait il ne s’enfonce pas dans la colline, mais en biais, comme si
pour le rallonger il avait été bâti et remblayé sur le bâti. C’est ce qui fait
qu’on a eu tant de mal à étayer, si tu me comprends, expliqua-t-il.
— Je crois que je
comprends, en effet et, bien que ce souterrain ait plusieurs siècles
d’existence, le remblai, ce n’est toujours que du remblai, cela ne tient pas
comme de l’argile qui n’a jamais été travaillée.
— Tu as suivi mon
raisonnement. Et mon idée est la suivante : louer une mini pelle et creuser à
peu près perpendiculairement au tunnel. Du remblai, ça doit se creuser assez
bien. Quand on arrivera sur de la pierre, donc du bâti, en démolissant un peu,
on pourra accéder dans le tunnel. Bien sûr, si on a dépassé la zone effondrée…
— Et comment on va savoir
qu’on creuse au-delà de la zone effondrée ?
— Déjà, on connaît la
longueur actuellement dégagée, à savoir 32 ou 33 mètres. Le tunnel part en
biais, c’est notre hypoténuse, donc on compte moins de trente mètres le long de
la colline.
— Monsieur connaît Pythagore,
chapeau, commenté-je.
— Monsieur a eu la flemme
d’aller jusqu’au bac, mais il a retenu quelques trucs intéressants quand même,
rétorqua-t-il. Je n’ai pas fini, laisse-moi continuer. Donc en me basant sur
cette longueur, j’ai arpenté sur la colline et cherché au pendule si je
trouvais une cavité. D’après moi, il faut creuser une tranchée en se dirigeant
vers le petit piquet blanc que tu vois là-haut.
Eh bien, cela fait
quelques mètres cubes à déplacer, tu peux au moins louer une trois tonnes cinq,
une cinq tonnes même. Ça doit chercher dans les trois cents euros par jour sans
compter la livraison.
— Et c’est là que je
compte sur toi. Tu as déjà conduit une mini pelle ?
— Oui, mais je ne suis
pas un chauffeur d’élite, je sais me débrouiller, sans plus.
— Moi je m’y perds dans
toutes ces manettes, je baisse quand il faut lever, je tourne quand il faut
baisser et tutti quanti…
— Et tu as de quoi payer
la location ?
— Là, on aborde une autre
question. On partage les frais et on partage le magot. Pas à 50/50, parce que
je suis le propriétaire du terrain, mais à 75/25. Qu’est-ce que tu en penses ?
— Tu serais pas un peu
rat sur les bords ? Il me semble que deux tiers un tiers serait plus approprié,
lui répondis-je en me disant qu’avec lui, il ne faut pas lâcher le morceau comme
ça.
— D’accord, tu es dur en
affaires, mais c’est toi qui payes la mini pelle et le transport. Tope-là ?
— Tope-là, dis-je en lui
tapant dans la main et tout en me demandant intérieurement quelle connerie je
viens de faire.
(à suivre...)
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