En vedette !

jeudi 15 août 2019

Appelez-moi Fortunio (27)


-          Maintenant, mon cher Albert me répèterai-je, je te laisse le micro. Considère que, comme pour un récital, j’ai pris le rôle de la vedette américaine avant l’entrée en scène de la vedette principale : j’ai dit Albert Forelle, pour ces dames le bel Albert ! Parle car je t’écoute !
-          Bien, dit celui-ci après une gorgée qui manqua l’étouffer, j’entre en scène ! Au pays de ceux qui veulent tout savoir et rien payer, je suppose que tu dois avoir une place de choix ! Toutefois, je ne vois pas ce que je pourrais t’apprendre sur ma bienveillante maîtresse Christelle, tu la connaissais bien avant que je ne la connusse moi-même…
-          Insinuerais-tu que je la connasse bibliquement ? Là, tu te gourerais dans les grandes largeurs. Ce n’est pas qu’elle m’eut déplu mais j’ai très vite compris que je devais garder la juste distance, comme l’on dit dans notre milieu. De plus, je ne suis pas très chaud pour mélanger le boulot et les sentiments. De plus, chez nous, les médecins-psychiatres sont à considérer comme le haut du panier…
-          De crabes ?
-          De crabes, si on veut. Raison de plus pour ne pas en pincer ! Après cette nécessaire mise au point, j’apprécierais que tu poursuives sur le chemin des aveux, dit René en remplissant à nouveau les verres.
-          Mon cher ami, si vous me permettez de vous considérer ainsi, je déclarerai qu’à bon vin, bon aveu ! Donc, et pour résumer, Christelle est une charmante maîtresse autant qu’une maîtresse-femme qui a su panser les plaies de mon cœur. Mais, pour autant que la blessure guérisse, la cicatrice reste et je me sens comme ce mutilé au bras perdu et qui le sent toujours.
-          Un membre fantôme ?
-          On peut le dire. Mais bon, il est deux heures du matin, il faut que j’avance dans mon histoire sinon on en a jusqu’à demain…
-          Je n’osais pas le dire !
-          Christelle donc m’a mis du baume au cœur mais elle n’a jamais cherché à en savoir plus. Vu sa profession, j’aurais craint le pire…
-          Cela se discute mais venons-en aux faits…
-          Oui, oui. Donc, c’est l’histoire d’un jeune homme, maçon de son métier, qui était tout content d’avoir trouvé un bon chantier – six mois de travail en perspective – et qui part à 300 kilomètres de chez lui avec son matériel et sa valise. Il y a, sur ce chantier, un gentil cabanon où il s’installe, pain saucisson matin et soir, plat du jour au restaurant local. Le bon plan pour engranger un max avec dépenses mini, quoi ! Des clients sympas, qui savent bien ce qu’ils veulent, qui font confiance et contents de voir enfin leur chantier avancer. Ce sont des commerçants et leur truc c’est de venir le dimanche après-midi voir le chantier. Ils ont un magasin de meubles à 15 bornes du chantier. Autant dire qu’il était peinard. Début octobre, ils ont fermé le magasin pendant une semaine pour cause de travaux dans leur rue. Ils sont donc venus le voir plusieurs fois avec une amie, qu’ils lui ont présentée bien sûr et là…
-          Le coup de foudre ?
-          Oh, comment l’as-tu deviné ? Bien vu et cette jeune femme s’intéresse aux travaux, il comprend vite qu’elle s’y entend quelque peu mais il n’en saura pas plus. Toujours est-il que ses clients voulaient profiter de leur semaine pour travailler dans leur jardin et ils passent donc une semaine pleine d’entrain, ils mangent ensemble à midi et donnent aussi un coup de main, surtout cette jeune femme, nous l’appellerons Rosa…
-          Ah ! Enfin un nom ! Elle venait du Luxembourg ?
(à suivre...)

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