Tranquillement, après avoir recouvert la psyché, il descend et ouvre aux valeureux claboteurs qui inondent le carrelage du hall de leurs souliers trempés et de leurs vestes dégoulinantes.
- Monsieur Fortunio, tu as réussi à échapper au déluge ? Demande René.
- Oui, monsieur la-Science et toi, tu te serais échappé avant ?
- Oui mais, bien que j’eusse eu la clé, j’ai changé d’avis et les amis que voilà m’ont sympathiquement hébergé chez eux. Cela dit, je n’ai pas voulu passer par l’arrière car je crois que c’est encore plus inondé.
- D’accord, intervient Albert, mais voulez-vous du café ? Avez-vous pris un petit déjeuner ?
- Première question : oui. Deuxième question : non. A franchement parler, déclarent en chœur l’amie et l’ami de René.
- Alors, pas d’hésitation, tout le monde à la cuisine. Allez jusqu’à la porte d’entrée arrière et débarrassez-vous, je vais vous trouver quelqu’esclops pour vos petits petons, j’ai vu qu’il y a de la réserve.
Ensuite, tout le monde s’installe dans la cuisine où les compères La-Science et Fortunio s’affairent afin de préparer du café, du pain grillé et autres délicatesses.
- Mon cher Fortunio, déclare René avec emphase, je te présente Anaïs et son cousin Bertrand qui habitent non loin l’un de l’autre et, comme Bertrand est l’heureux propriétaire d’un gros véhicule à quatre roues motrices et d’une garde au sol impressionnante, c’est lui qui nous a permis d’arriver jusqu’ici. Enfin, jusqu’à l’entrée du parc car il n’a pas voulu défoncer le chemin avec ses grosses roues, même au prix d’une inondation de chaussures. Et nous voilà donc. Mais il est tombé une invraisemblable quantité d’eau cette nuit, plus de 100 millimètres à bien des endroits. Le Tarn est en crue, l’Aveyron déborde et…
- Comment sais-tu tout cela ? Demande Albert.
- Ah mais c’est qu’on a regardé la télé à huit heures avant de partir, les informations locales, il n’y en a que pour cette tempête, des arbres arrachés, des toitures et des cheminées détruites et des voitures emportées par le courant. Il y aurait même un couple de la région qui se serait noyé en voiture, il avait refusé de s’arrêter aux barrières posées par les travaux publics.
- Bien, qui veut encore du café, allons videz la cafetière que j’en refasse couler une autre, dit Albert. Je ne vous laisserai pas repartir sans vous avoir correctement restaurés…
- Merci beaucoup, intervient Anaïs, mais si ce n’est pas abuser, j’aimerais bien visiter un peu ce château, si vous n’y voyez pas d’inconvénient. Cela fait un bout de temps que je passe devant et que je rêve de le visiter !
- Mais, chère Madame, répond Albert avec une infinie urbanité, combler au moins un de vos rêves serait pour moi un impératif que…
- Tu pédales un peu dans la choucroute, mon bon Fortunio, cette galanterie te va comme une cravate à un kangourou ! Coupe René.
- Bien, alors je dirai tout simplement que je suis prêt à jouer les guides mais on enverra mon ami René devant, la cave est inondée…
- On se contentera d’un coup d’œil depuis l’escalier, rigolo va ! Répond René.
Ils s’esclaffent et finissent leur petit déjeuner. Albert leur fait visiter la maison, de la cave au grenier en passant par la chambre de Madame où il tente de passer rapidement, comme si de rien n’était. Mais Anaïs, curieuse et intriguée, fait glisser le drap qui couvre le miroir :
(à suivre...)
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