- Une psyché ! Qu’elle est belle, dit-elle en prenant place dans le fauteuil bergère, cela doit être merveilleux de faire sa toilette dans du si beau mobilier. Tiens ! Regardez, un long cheveu !
Elle mire le cheveu à la lumière et s’exclame :
- C’est un cheveu roux, qu’il est beau, ainsi à la lumière, on dirait qu’il est lumineux…
Elle le regarde en face du miroir et Albert voit son regard qui se voile, elle semble rêver une seconde puis elle secoue la tête, pose le long cheveu sur la coiffeuse et se lève en se passant la main sur le front :
- Allons voir le grenier maintenant, dit-elle d’un air contraint.
Ils sortent de la chambre et Albert continue la visite, il joue le guide tant et si bien qu’il est plus de midi quand la visite est terminée. L’ambiance, finalement, est à la rigolade et Albert propose qu’on se fasse un frichti avant de laisser partir ses hôtes.
René lui explique qu’il est venu chercher ses affaires et qu’il compte rentrer chez lui, ne serait-ce que pour aller voir s’il n’y a pas de dégâts. Bertrand le reconduira. Ils se disent donc au revoir en se promettant de s’appeler dès qu’Albert sera revenu chez lui.
A peine sont-ils parti que le téléphone sonne, c’est Daniel qui appelle de l’hôpital psychiatrique, il ne reviendra que demain matin mardi, les intempéries ayant perturbé l’organisation des transports. Après cela, Albert part à pied pour aller récupérer sa vaillante fourgonnette. Les mini torrents qui s’étaient formés à la descente de chaque chemin se sont calmés et, même si les fossés débordent encore, les routes sont praticables. Il peut récupérer son véhicule qui démarre avec grâce et il le ramène au bercail.
Il va avoir une longue soirée à passer et il sort son linge de la machine, branche une sorte de paravent électrique sur lequel il met son linge à sécher puis il remonte à l’étage, dans la chambre de Madame. Le cheveu est toujours là où Anaïs l’a posé, sur la coiffeuse. En fouillant un peu, il trouve un petit pendentif dans lequel il peut l’insérer. Le bijou est probablement de faible valeur et il se l’approprie en attendant de le demander à Daniel, ce sera son talisman.
Et, pour que la soirée paraisse sinon moins longue, tout au moins un peu plus fugitive, il enlève ses chaussures, ses chaussettes et son pantalon pour descendre à la cave où il dégotte une bouteille de Haut-Brion 59. Il la débouche pour lui donner de l’oxygène et, avant toute autre chose, il se sert un whisky bien tassé dégotté aussi en fond de cave.
*
(à suivre...)
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