Pourquoi penser à un coquelicot solitaire en ce moment ? Parce que ces belles et fragiles fleurs sont ardemment combattues par les agriculteurs productivistes à l’aide des pesticides dont ils pimentent les céréales et légumes qu’ils mettent dans vos assiettes. Heureusement, la culture biologique leur permet de survivre en bonne compagnie dans nos campagnes. C’était juste le rapide commentaire du paysan bio que j’étais et suis encore et voici cette histoire :
« Il était une fois un petit coquelicot rouge qui se lamentait au bout de sa tige car toute sa famille avait été fauchée, lors de la dernière moisson. Depuis, chaque jour ressemblait au précédent. Il manquait de tout, et surtout de compagnie, de chants, de baisers et de bons moments. Il se lamentait, seul, dans le vent.
Il avait beaucoup pleuré ses parents, ses frères et sœurs, et se sentait abandonné. Il ne savait que faire ainsi livré à lui-même. Il regardait désespérément l'horizon pour voir si quelque chose de nouveau ne viendrait pas le tirer de cet abandon. Mais rien ne vint. L’été se termina tristement. Un jour, enfin, la pluie tomba abondamment, durant trois jours et trois nuits. Il pleuvait, il pleuvait, et l’horizon en disparaissait dans la brume. La terre ressemblait au ciel.
Alors, le quatrième jour, le petit coquelicot vit sortir de la terre brune une sorte de pousse vert
clair, puis deux, puis trois. Il fut bientôt complètement entouré, et même un peu à l’étroit. Il était impatient de voir quelles étaient ces plantes, ces fleurs qui poussaient en masse autour de lui. Plus les jours passaient et plus elles grandissaient ne donnant au début que des feuilles.
Puis, au dixième jour, la pointe de la plante se mit à s’ouvrir. Elle montra un pétale blanc, puis deux, puis trois, jusqu’à ce que toute la fleur s’épanouisse complètement en montrant son coeur, jaune comme un soleil. C'était de grandes marguerites des prés, qui l’entouraient de toutes parts et faisaient une ronde autour de lui.
Pour finir, lorsqu'elles furent toutes ouvertes, elles se mirent à danser dans le vent, comme lui, et le petit coquelicot rouge remercia la pluie qui lui avait donné tant d'amies. Depuis ce jour, il ne s’est plus jamais senti seul, comme s'il avait retrouvé une nouvelle famille. Bien sûr, il n'oublie jamais les siens et leur parle silencieusement, mais il n'est plus aussi triste qu'avant.
Cric crac, c’est tout et c’est une vraie histoire.
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