Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. Je vais vous parler d’un livre régional écrit par Alain Dubos et qui s’appelle « La palombe noire », publié en 1997 aux Presses de la Cité. L’action se situe dans le département des Landes, entre Chalosse et landes, c’est l’histoire d’une famille de grands propriétaires, entre 1900 et 1920. Ils sont les maîtres d’un bon nombre de métairies et de vastes étendues de forêts de pins, exploitées principalement pour la résine. La famille, c’est tout d’abord Joseph Capestang, le père, maître de son domaine et de ceux qui y vivent. Il y a la mère aussi, Marie-Marthe qui n’est que l’ombre de son mari. Puis les fils : Louis, l’ainé qui, dans la trace de son père, montre bien que c’est lui qui reprendra la domination paternelle. Puis François, plus éclectique et viveur, charmant et un peu magouilleur, gentil et toujours prêt à se rapprocher de son ombrageux frère, Adrien qui est tout ce que François n’est pas et réciproquement. Adrien a eu une enfance lourdement marqué par la poliomyélite et la tuberculose, d’hôpitaux en sanatoria, Adrien le boiteux que ses parents ont délaissé par peur de la maladie et de la contagion qui aurait pu affecter Jacques, le petit dernier, si faible et si précieux.
Louis vit avec application sa vie de futur maître, François navigue avec son automobile Chenard et Walker entre Bordeaux et le domaine, Jacques lui, au début du livre est enfoncé dans son lit, dévoré par la fièvre typhoïde. Il s’en sortira et pourra continuer ses études chez les pères. Et Adrien vit seul dans une rustique cabane entre marais et forêt des landes. Il essaye de cultiver un maigre bout de terrain avec sa patte folle, chassant la palombe et le petit gibier. Il vit en marge de sa société familiale mais aussi en marge de la société des fermiers et gemmeurs qui le considèrent toujours comme faisant partie des maîtres, même si on ne l’appelle pas monsieur Adrien comme on aurait dit monsieur Louis ou monsieur François.
Jusqu’en 14, la vie suit son cours, monsieur Joseph est un de ces propriétaires terriens qui vit de et sur son domaine, qui connait la terre et les hommes ; il n’est ni bonasse ni rapace, sévère parfois mais juste et humain toujours. La guerre va arriver, quatre années qui vont ravager la jeunesse du pays et, à peine a-t’ elle éclaté que Joseph va mourir. Et François aussi ; enfin, disparu ! Puis ce sera Louis qui reviendra vivant dans son corps mais délirant, rendu fou par le feu et la vision des morts sans sépultures. Mais je n’ai pas encore parlé de la fille de cette famille Capestang, Agnès. Elle a épousé Alexis Montabaud, levantin qui, jeune, a fui avec sa mère la Turquie. Brillant, il est devenu médecin-psychiatre et, ami de François, il est ainsi entré dans cette famille.
C’est là que Montabaud va prendre l’ascendant sur Louis, malade, et Marie-Marthe, la faible. Que connaît-il, lui, des travaux et des hommes ? Pas grand-chose sinon qu’on peut, avec de telles étendues, faire beaucoup de profits en négligeant les hommes et en méprisant la terre. Car son but est bien d’entrer dans le cercle très fermé des grands propriétaires du bordelais. Cupide et arriviste, il pourrait y arriver mais c’est sans compter sur Adrien le malingre, le boiteux qui, soutenu par l’amour de Lise, une réfugiée belge martyrisée par les militaires allemands et qui a échoué là. Adrien va découvrir les malversations de Montabaud et il réussira à le faire partir pour que les terres et les hommes puissent demeurer dans leur état.
Mais les hommes ne sont plus les mêmes, la guerre est passée par là. Les femmes non plus, elles ne sont pas parties au front, elles ont mené leur combat : arriver à tenir sur cette terre si difficile mais qui est la leur. Là où le livre s’arrête, on sent que le monde va changer.
Toute cette histoire tourne autour d’Adrien et de sa palombe noire qui lui indique le chemin, la route à suivre. Et Adrien, lui saura changer avec ces femmes et ces hommes.
Cric crac, c’est tout et c’est une vraie histoire.
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