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jeudi 23 juin 2022

Dernier tableau (82)

 

De retour chez lui, il se sent écrasé par tout ce qu’il vient d’entendre. Il en sait plus aujourd’hui qu’hier mais il se demande à quoi cela lui sert de savoir, de chercher encore…

Il décide alors de partir en randonnée, il avait déjà préparé un itinéraire de plusieurs jours, passant par le cap Fréhel. Il a besoin de s’en aller, de se changer les idées, de réfléchir à toute cette histoire. Il aimerait bien être seul, mais il ne veut pas non plus partir sans en parler à Sara et sans lui avoir proposé de l’accompagner. Il prend le téléphone, l’appelle et tombe sur le répondeur.


– Bonsoir Sara, c’est Hervé. Je viens de décider de partir quelques jours en randonnée et je te propose de m’accompagner. Il est évident que tu pourrais être de retour jeudi après-midi pour tes cours de peinture. C’est une proposition tous frais à ma charge au cas où tu me ferais le plaisir d’accepter. Alors rappelle-moi avant demain matin huit heures car après je pense être parti. Bisous. à très bientôt.


Il raccroche, pensif. C’est un peu étonnant que Sara se soit absentée mais c’est ainsi. à moins qu’elle ne soit dans son atelier, trop absorbée pour répondre. Auquel cas elle ne tardera pas à appeler. Il se prépare un repas et, après avoir mangé, il se met un moment devant son ordinateur puis prépare son sac. à dix heures, Sara n’a toujours pas appelé, il se couche.


Le lendemain matin, il part à huit heures et demie. Pas de nouvelles de Sara, il randonnera donc seul. Il va jusqu’à la gare routière et prend le bus pour Saint-Lunaire. Il a prévu trois étapes de trente kilomètres par jour jusqu’à Erquy. Le retour aura donc lieu jeudi soir puisque Sara ne l’accompagne pas.


Le mardi, il fait un temps splendide, il marche sur les sentiers comme un somnambule, il ne pense plus à Artur, ni à Achille, il est tout à son plaisir. Le soir, il n’a réservé nulle part mais il trouve à se loger sans difficulté.


Le mercredi, le temps passe à la pluie, le vent s’y met aussi. Le visage mouillé, le capuchon sur les yeux, il avance comme il peut. Mais il trouve une bonne chambre le soir et un bon repas. Le jeudi, le temps est gris mais le vent et la pluie se sont calmés, il se sent bien, n’ayant nul besoin de faire le point sur quoi que ce soit. Les choses sont ce qu’elles sont, elles ont été ce qu’elles ont été, la vie est belle et tout va bien. Il suffit d’avoir la santé.

à Erquy, après avoir mangé, il fait un tour en attendant le bus. à seize heures, il repart pour St Lambaire, content et de belle humeur.


*


De retour dans son appartement, il est aux aguets, il s’est passé quelque chose, il le sent. à peine entré il constate que les deux tableaux ont disparu. Il inspecte les crochets auxquels ils étaient suspendus. Très vite, il réfléchit. Édith, bien sûr, a la clé de son appartement, mais il la croit hors de cause. Reste Sara. Elle possède une clé de la maison et celle de son appartement. Mais Sara ! Pourquoi ?

Il prend son téléphone et consulte son répondeur. Aucun appel de Sara, un seul de Marondeau qui lui demande de le joindre assez rapidement. Il hésite : s’il appelle Marondeau, il en a pour dix minutes probablement. Il a vraiment besoin de réfléchir. Il pose le téléphone et regarde partout pour voir s’il y a un mot, une indication. Rien.

Il se décide alors à appeler Marondeau.


– Allo, Raymond, comment allez-vous ?

– Bien, bien, mon cher Hervé. Vous faites bien de me rappeler, mais je suis occupé. Pourriez-vous passer assez rapidement ? Je ne peux pas vous parler comme cela au téléphone. Et puis, j’ai horreur de ces cornets…

– Oui, je passerai, mais pouvez-vous me dire rapidement de quoi il s’agit ?

– Disons que j’ai quelqu’un qui est très intéressé par votre tableau, quelqu’un qui est venu me voir, j’en ai été fort surpris…

– Et qui est-ce ?

– Écoutez, je préfèrerais en parler de vive voix. Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous avons parlé de ce monsieur il y a peu, c’est celui qui, que…, enfin qui avait passé la nuit dans les lieux que vous savez…

– Adrien de Vermorec ?

– Oui, c’est cela. Mais venez me voir. Sachez néanmoins que je ne lui ai rien révélé à votre sujet, il est reparti bredouille. Mais pardonnez-moi, j’ai quelqu’un et je ne voudrais pas le faire attendre…

– Bonsoir Raymond, merci de m’avoir tenu au courant. Je viens vous voir dès que possible, mais pas aujourd’hui. Demain.

à demain, mon cher.

(à suivre...)


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