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jeudi 30 juin 2022

Dernier tableau (83)

Il est encore un peu plus perplexe. Il n’y a pas forcément de relation entre la disparition des tableaux et la démarche de Vermorec. Il y a semble-t-il une embrouille. Il ne tient pas à questionner Édith, ce serait l’inquiéter inutilement. Il y a un sacré méli-mélo, et au milieu, il y a Sara. Et s’il y a Sara, il peut y avoir Renato. Et s’il y a Renato, il ne peut y avoir qu’embrouille. Cqfd, se dit-il. S’il y a Renato, il faut aller voir chez Sara. Il réfléchit. à pied, il en a pour une demi-heure. Il peut tenter quelque chose. Il prend son carnet, le téléphone et il appelle le portable d’André.


– Allo, à qui ai-je l’honneur ? répond ce dernier sur un ton emphatique.

– André, c’est Hervé. Tu sais, on a suspendu des tableaux ensemble…

– Hervé, aurais-tu besoin de mes services ?

– Exactement. Toi, ta caisse et tout de suite. Est-ce faisable ?

– Je peux venir, ma caisse aussi, mais mon taux d’alcoolémie me sera un handicap en cas de rencontre avec la volaille. Où m’attends-tu ?

– Chez moi, tu te souviens ?

– J’arrive, monseigneur, inutile d’ouvrir une boutanche, je n’ai plus soif. Je suis au centre ville, je suis chez toi dans moins de dix minutes.


Hervé sort sa sacoche de son placard. Il y récupère un levier, des rossignols, des petites pinces et une paire de gants fins. Il enfile une veste et planque son matériel à l’intérieur. Il descend dans la rue et alors qu’il ferme la porte, il entend arriver la citronette décatie. Il ouvre la porte du passager et s’engouffre à l’intérieur.


– André, j’ai besoin de toi parce qu’on m’a chouré mon tableau. J’ai des soupçons, mais pas de véhicule. Je suis prêt à payer le taxi.

– S’il faut parler d’argent, on verra bien. Cause de ton affaire, je suis ton homme. On va le retrouver ton tableau, foi d’André ! Destination ?

– Rue Onfray, tu connais ?

– Elle donne dans le boulevard Laparrat, non ?

– Bien vu, on y va. Mais tu me laisseras sur le boulevard, manière d’arriver par surprise, je dirais.

– On y va.


André fait un demi-tour hennissant dans la rue Équoignon, prend la direction de Comédon puis arrive non loin de la rue Onfray. Il se gare.


– Pour le moment, tu m’attends ici, je vais en reconnaissance, dit Hervé.

– Attends. Tu cherches quoi ?

– Une Fiat cabriolet des années soixante, rouge.

– Ok, je t’attends ici.


Hervé descend, met sa casquette et avance dans la rue Onfray, déserte à sept heures du soir. Il marche le long des façades, pas de petit cabriolet. Il voit de la lumière chez Sara, à l’étage. Il descend la rue. Pas de voiture rouge. Déçu, il remonte vers le boulevard. Il jette un coup d’œil dans une petite impasse, mais toujours rien. Il revient à la fourgonnette.


– Et alors ? demande André.

– Rien, j’espérais qu’il serait là mais j’ai pu me gourer.

– Oui mais, ce mec, s’il pense que tu le cherches, il ne va pas se garer juste en bas de chez lui, il ira un peu plus loin.

– Oui, mais c’est pas chez lui ici, c’est chez sa maîtresse. Qui est aussi la mienne.

– Ok, une histoire de tuyau de poêle. Mais fais un peu les petites rues à côté, on va pas être venus pour rien tout de même.

– Bon, je vais aller voir, dit Hervé en ressortant de la deuche.


Il suit un peu le boulevard et prend la première à droite. Même déception. Il descend la rue, tourne dans une autre, toujours rien. Il revient vers la deuche quand il remarque un coupé jubilé de couleur blanche. Il se penche et, à l’aide d’une petite lampe de poche, regarde à l’intérieur. Sur le siège arrière, il lui semble reconnaître la sacoche qu’il a eu l’honneur d’inventorier. La sacoche aux fafiots et à la fausse monnaie. Il regarde autour de lui. La rue est calme, la voiture est dans un coin sombre. Il va vers le coffre, regarde la serrure. Il sort son jeu de rossignols et les gants.

(à suivre...)


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