On imagine sans peine le tollé qu’aurait déclenché dans les médias une telle réponse de la part de quelque ministre de la santé au moment de la canicule. Car et en effet, il y a eu LA Canicule de 2002, historique par les mouvements administratifs qu’elle a enclenchés. Et un mouvement, surtout s’il est administratif, cela n’est pas rien et cela fait des vagues d’autant plus lorsqu’on prévoit une vague de chaleur. Certains ministères ont été agités de vagues soubresauts et ce clapotis a mis en branle un raz de marée de décrets, d’instructions et de circulaires visant à faire ingurgiter une quantité d’eau réglementaire par les vieux, dans les maisons de retraite en particulier. Tant que ces derniers ne seront pas gorgés de flotte à la moindre montée du thermomètre extérieur, point de quartier. Il faut faire boire les vieux, que diantre ! Et une fois bien imbibés, ils peuvent être parqués dans des salons climatisés car, bien sûr, les bâtiments ont été conçus pour protéger du froid mais nullement de la chaleur. Comme le dit le cahier des charges : « Y’a mieux, mais c’est plus cher ! ». Les travaux réalisés par les entreprises soumissionnant pour les appels d’offres de l’administration et des collectivités territoriales laissent toujours une large marge de manœuvre pour des travaux d’amélioration ultérieurs. Pourquoi faire bien tout de suite alors qu’on peut continuer à profiter, ad vitam et parfois ad nauseam, des largesses des élus et de l’administration. Donc, on prévoit des maisons de retraite chauffées mais non climatisées quitte à faire vendre ensuite des climatiseurs d’une qualité indubitable pour des montants sur lesquels moult donneurs d’ordres et intermédiaires prendront au passage leur commission. Au diable la varice, diraient les fabricants de bas Zadoc.
Donc, pour peu que le thermomètre s’énerve, on brasse du plan canicule : cela fait plaisir aux médias, cela enrichit les marchands et cela occupe la fonction hospitalière. Les vieux peuvent partir comme il leur chaut mais n’ont pas le droit de mourir de chaud car s’il est une chose admirable, ce n’est pas que l’espérance de vie augmente dans notre pays mais surtout que conséquemment l’espérance de mort diminue. Et plus cette dernière diminue, plus la première augmente. Tel qui, il y a vingt ans, se voyait promettre de vivre jusqu’à 68 ans (et demie environ) se voit aujourd’hui contraint de retarder l’échéance sous peine d’encourir les foudres des statisticiens.
On voit par-là que lorsque la médecine est impuissante la mathématique triomphe.
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