-
Y sont où, les blessés ? me hurle un pompier sur
un ton militaire.
-
J’ai trouvé personne sur place, réponds-je, je
suis arrivé après l’accident, j’ai cherché partout…
-
Un instant, brigade de Marmande. Vous n’êtes pas
témoin de l’accident ? Vous n’êtes pas blessé ? me demande un
gendarme.
-
Non, je suis arrivé, tout était déjà comme ça,
j’ai rapidement regardé, j’ai vu personne et j’ai fait le 112, je ne peux pas
vous en dire plus.
-
Vous êtes monsieur Forelle, non ? demande
l’autre flic que j’identifie comme étant un certain Livron.
-
Oui, en effet, dis-je.
-
Ah, alors on se connaît un peu. Bon,
récapitulons : vous êtes arrivé sur les lieux vers quelle heure ?
-
Vers minuit et quart…
-
Vous n’avez touché à rien ? C’est votre
véhicule, là ? Vous devriez éteindre les lumières ou mettre les
veilleuses.
-
Oui, vous avez raison.
-
Bon, reprend-il, vous n’avez vu personne ?
Il faut chercher, vous avez du matériel pour éclairer ? On va déjà voir ce
qu’on peut faire comme photos, dit Livron aux pompiers.
Un pompier braque un projecteur, les flics
s’affairent avec leur matériel de photos et les deux autres pompiers battent les
fourrés pour voir s’ils trouvent un blessé.
-
Vous avez encore besoin de moi, ici ?
dis-je aux gendarmes.
-
Ne partez pas, surtout ! On a encore besoin
de vous, il faut faire une déposition, au minimum laisser vos coordonnées.
Attendez un peu, vous pourriez peut-être chercher avec les pompiers. Je vais
appeler du renfort, je sais bien que ce n’est pas passionnant mais ne nous
laissez pas tomber ! dit Livron en rigolant.
-
Bon, bon, je vais jouer au pompier volontaire
avec ma lampe de poche mais je n’ai pas grande envie de dénicher de la viande
froide.
Je rejoins les deux pompiers-chercheurs pendant que les flics-photographes
font des clichés de la scène de crime. On bat les fossés et les fourrés sans
succès durant une dizaine de minutes quand un autre gyrophare tournoie à
l’horizon, venant dans le sens inverse..
-
Ah ! Les renforts, ça doit être Vézeral,
dit le collègue de Livron.
Un autre break arrive et je vois descendre mon Queutard, chef à Vézeral,
affublé d’un autre pandore moustachu. Il salue ses collègues et le pompier
éclairagiste puis, découvrant ma présence, il fait un sursaut et s’écrie :
-
Qu’est c’qui fout là celui-là ?
-
Bonjour, chef, lui dis-je en lui braquant ma
torche dans les yeux.
-
Monsieur est notre témoin, occupez-vous de la
voiture et de chercher ce qu’on peut trouver, je vais prendre sa déposition,
coupe Livron.
-
Comme témoin ? éructe Queutard.
-
Comme témoin, oui. C’est Monsieur Forelle qui a
appelé les secours et qui a eu l’amabilité de nous attendre sur place, répond
Livron. L’enquête étant de notre ressort, c’est moi qui prends les
dispositions. Vous n’y voyez pas d’inconvénient ?
-
Non, mais vous avez pris son alcoolémie ?
-
Allons, allons, mettez-vous au boulot, il faut
chercher, prendre les relevés puis dégager la voie, ne perdons pas de temps,
dit Livron en m’invitant à le suivre dans le break.
(à suivre...)
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