Je trouve encore de quoi lui proposer à manger et j’en fais autant pour moi-même. Une fois sustentés, je m’apprête à monter dans mon véhicule, le clébard me suit illico. Je le fais monter à l’arrière et direction le chantier. Charles et Riton viennent d’arriver, ce dernier se roule consciencieusement une cibiche, Akim a attaqué une toute-cousue. Autant dire que je fais sensation avec mon clebs.
-
T’as acheté un roquet ou quoi ? slurpe
Riton en léchant son clop.
-
Une roquette tant que tu y es, réponds-je. Sois
poli, c’est une femelle…
-
A propos de femelle, intervient Charles en
susurrant, t’as pas été trop retardé hier soir ? Ça nous gênait bien un
peu de te laisser tout seul…
-
Connaud, va, t’as rien d’autre à penser ?
J’m’appelle pas Récanier, moi et je t’ai toujours dit : pas avec les
clientes !
-
Ouais, mais le chantier est fini, je croyais…
-
Fallait pas croyer, mon poteau. Le chantier est
fini, certes, mais j’ai toujours dit : pas avec les clientes et dans le
pire des cas - si je peux dire- en tout cas pas avant le parfait paiement des travaux. Et ce n’est pas toi qui vas me payer
la retenue de garantie, je suppose, meussieur Duconnaud ?
-
Oh, si tu le prends comme ça, je crois que je
ferais mieux de démarrer la bétonnière, allez Riton, on y va !
-
Attends, attends, dit Riton, arrête de baver et
laisse le chef nous parler de son cabot, enfin de sa cabote…
-
Cabotin toi-même, réponds-je, mais l’histoire
vaut le coup d’être racontée.
Je leur raconte comment il se fait que ce clébard soit entre mes mains puis
nous nous mettons au travail. Vers dix heures, j’appelle la gendarmerie de
Marmande. Le planton qui me répond n’est pas un affolé du neurone mais il finit
par me passer Livron.
-
Monsieur Forelle, oui ! Alors, excusez-moi
mais je n’ai pas encore appelé le chenil. Je ne peux pas tout vous raconter
mais disons que l’enquête m’a pris plus de temps que prévu. Pouvez-vous passer
à la brigade, j’appelle le chenil tout de suite mais il y a un document
d’accompagnement à présenter. Vous comptiez aller au chenil ce matin ?
-
C’est pas que cela m’enchante mais il faut bien
trouver une solution. Oui j’y vais ce matin…
-
Bien, vous passez à la brigade maintenant ?
Je vais terminer mon service à onze heures et si vous passez avant, on se verra
et je vous donnerai ce papier.
-
Tenez-le au chaud, j’arrive, dis-je en
raccrochant.
(à suivre...)
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