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jeudi 28 août 2014

Le cabot de Fortunio (8)

Le lendemain matin, ce sont les jappements du chien qui me réveillent. Il est sept heures. La nuit fut un peu courte mais pendant toutes ces histoires, les chantiers continuent. La Flèche m’accueille chaleureusement dans la cuisine et je comprends qu’il lui tarde de connaître les alentours ainsi que les lieux de soulagement, ce qu’il fait dès que je lui ouvre la porte. Cela me permet de constater que ce chien est en fait une femelle. Le féminin du nom que je lui ai prêté, Flèche, lui convient donc parfaitement. Après un petit tour dans le champ de maïs voisin, elle revient vers moi comme si elle me connaissait de toute éternité.
Je trouve encore de quoi lui proposer à manger et j’en fais autant pour moi-même. Une fois sustentés, je m’apprête à monter dans mon véhicule, le clébard me suit illico. Je le fais monter à l’arrière et direction le chantier. Charles et Riton viennent d’arriver, ce dernier se roule consciencieusement une cibiche, Akim a attaqué une toute-cousue. Autant dire que je fais sensation avec mon clebs.
-          T’as acheté un roquet ou quoi ? slurpe Riton en léchant son clop.
-          Une roquette tant que tu y es, réponds-je. Sois poli, c’est une femelle…
-          A propos de femelle, intervient Charles en susurrant, t’as pas été trop retardé hier soir ? Ça nous gênait bien un peu de te laisser tout seul…
-          Connaud, va, t’as rien d’autre à penser ? J’m’appelle pas Récanier, moi et je t’ai toujours dit : pas avec les clientes !
-          Ouais, mais le chantier est fini, je croyais…
-          Fallait pas croyer, mon poteau. Le chantier est fini, certes, mais j’ai toujours dit : pas avec les clientes et dans le pire des cas - si je peux dire- en tout cas pas avant le parfait paiement des travaux. Et ce n’est pas toi qui vas me payer la retenue de garantie, je suppose, meussieur Duconnaud ?
-          Oh, si tu le prends comme ça, je crois que je ferais mieux de démarrer la bétonnière, allez Riton, on y va !
-          Attends, attends, dit Riton, arrête de baver et laisse le chef nous parler de son cabot, enfin de sa cabote…
-          Cabotin toi-même, réponds-je, mais l’histoire vaut le coup d’être racontée.
Je leur raconte comment il se fait que ce clébard soit entre mes mains puis nous nous mettons au travail. Vers dix heures, j’appelle la gendarmerie de Marmande. Le planton qui me répond n’est pas un affolé du neurone mais il finit par me passer Livron.
-          Monsieur Forelle, oui ! Alors, excusez-moi mais je n’ai pas encore appelé le chenil. Je ne peux pas tout vous raconter mais disons que l’enquête m’a pris plus de temps que prévu. Pouvez-vous passer à la brigade, j’appelle le chenil tout de suite mais il y a un document d’accompagnement à présenter. Vous comptiez aller au chenil ce matin ?
-          C’est pas que cela m’enchante mais il faut bien trouver une solution. Oui j’y vais ce matin…
-          Bien, vous passez à la brigade maintenant ? Je vais terminer mon service à onze heures et si vous passez avant, on se verra et je vous donnerai ce papier.

-          Tenez-le au chaud, j’arrive, dis-je en raccrochant.
(à suivre...)

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