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jeudi 14 août 2014

Le cabot de Fortunio (6)

Nous passons une dizaine de minutes dans le break, Livron prend principalement mes coordonnées précises et une déposition rapide. Puis il me demande de passer à la brigade dans les jours qui viennent.
-          Bien, vous ne regrettez pas de ne pas avoir soufflé au ballon, j’espère ? dit-il en souriant. Vous avez déclaré venir de Bérac où vous aviez passé la soirée et je suppose que vous n’avez pas sucé des glaçons chez Guillaume.
-          Vous avez privé Monsieur Queutard d’un petit plaisir, je suis sûr qu’il aurait apprécié de me faire souffler…
-          Ayez pitié de lui, il a déjà un nom lourd à porter et peut-être pas ce qui va avec, rajoute Livron en se marrant carrément cette fois. Bon, cette fois, on ne va pas vous retenir plus longtemps si vous voulez rentrer chez vous…
Nous sortons du break, les autres s’affairent toujours mais n’ont trouvé aucune trace vivante dans les parages. Les seuls indices sont la plaque sur le tablier, une trace de sang sur le tableau de bord et les plaques d’immatriculation. Le véhicule serait une Béhème break et appartiendrait, aux dernières infos, à un toubib d’Angoulême, Charente.  Des recherches ont été lancées. Un des pompiers qui cherche toujours dans le bois s’écrie :
-          Eh, v’nez voir ce que j’ai trouvé !
Toute la troupe se précipite et traverse le fossé. Dans une clairière, ébloui par les lampes braquées sur lui, un clébard, le genre poilu  hérissé.
-          Attention à ne pas vous faire mordre ! s’écrie Queutard.
-          Boff, tu parles, ce clebs a l’air complètement perdu, arrêtez de lui braquer les lampes dessus, dit un des pompiers. Alors, Médor, qu’est-ce tu fous ici ? Viens me voir…
Plutôt que d’aller vers le pompier, le cabot vient vers moi et s’assied à mes pieds, face à moi.
-          Il est à vous, ce chien ? demande Livron.
-          Rien du tout, j’ai pas de chien, moi, réponds-je en caressant l’animal qui se met à trembler.
-          Il n’a pas de collier, il va falloir voir s’il est pucé ou tatoué, dit le pandore à moustaches.
-          Attendez, ne lui faites pas peur, on va d’abord regarder s’il n’est pas blessé, dit le pompier.
Je continue à caresser le chien pendant que le pompier-vétérinaire le palpe sous toutes les coutures.
-          Bon, il n’a rien de cassé en tout cas, diagnostique-t-il, on dirait qu’il n’est pas pucé et je n’arrive pas à voir s’il est tatoué. Il fait noir et il n’arrête pas de remuer la tête. Messieurs les gendarmes, à vous de le récupérer et de l’amener à la SPA ou au chenil départemental !
-          On n’est pas là pour jouer à la fourrière, déclare Queutard péremptoire.
-          Ah, mais nous non plus, répondent en chœur les pompiers.

-          Cet animal est en état de divagation, il faut faire quelque chose, intervient Livron. Il a l’air d’avoir confiance en vous, vous devriez le prendre, dit-il en s’adressant à moi.
(à suivre...)

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