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dimanche 5 octobre 2014

Chronique du temps exigu (125)


Le 3 août, j’étais chez notre ami Ernesto Che Cussotile et je l’invitai à m’accompagner dans la ville haute de Caracapenata pour boire un anisette bien fraîche.
Nous nous assîmes à la terrasse de l’Ecu Sonnant, un bistrot qui me parut vivant et accueillant. Mon ami semblait réticent, s’assoyant après avoir essuyé la chaise avec son mouchoir. Il jetait des regards inquiets autour de lui et accepta à grand peine que je lui commande une anisette. Disons bien que les anisettes de la ville haute sont généreusement servies et accompagnées de tapas de toutes sortes. Dès que nous fûmes servis, une demi-douzaine de joyeux compères nous interpellèrent :
-    Señores, nous ne vous connaissons pas mais nous vous saluons ! Pouvons-nous savoir si vous êtes de Caracapenata ?
-    Je ne suis pas d’ici, en effet, mais mon ami ici présent, le señor Cussotile, est de la ville, répondis-je.
-    Hombre, vous d’ici ! Ma jé né vous ai jamais vou, déclara un moustachu basané.
-    C’est qu’il est de la ville basse, interviens-je.
-    Pauvre homme ! reprit le premier. De la ville basse en effet, je comprends votre air si mélancolique. Je suppose que vous venez ici pour voir si vous pouvez changer de quartier, la ville basse est si triste…
-    Non, non, je ne veux nullement changer de quartier, répondit Ernesto, je suis venu ici à l’invitation de mon ami PJRF mais je ne compte pas m’attarder…
-    Allons, allons, señor, venez nous voir plus souvent, vous verriez comme la vie est plus agréable ici, loin de vos rues tracées au cordeau, de vos trottoirs en pavés de Chine et de vos petites maisons avec vos petits portails et vos petites clôtures…
-    Comment osez-vous dire cela ? s’exclama notre Ernesto.
-    Ma, señor, reprit le moustachu, aussi vrai qué jé m’appelle Serge-Jean Garcia jé vous dis qué jé souis allé dans vos Calle basses et jé vou dé mé zio vou cé qu’il dit !
-    Señor, reprit le premier, je ne juge pas chez vous, seulement je vous dis : venez de temps en temps nous voir, venez boire une anisette avec nous et vous verrez comme la vie est belle et fraîche ici. Nous vous présenterons nos amis, nous vous ferons visiter notre quartier…
Ce fut à ce moment qu’un petit troupeau de chèvres passa au son de légers grelots et semant derrière elles un tapis de petites perles noires. Ernesto les regarda, comme pétrifié. Je fus le seul à comprendre ce qui se passait en lui, il pensait revivre le rêve qu’il m’avait raconté certainement. Puis il jeta un regard circulaire sur notre petite assemblée avant de finir son verre cul-sec.
-    Il se fait tard, messieurs, je dois rentrer à la maison car c’est l’heure de la télévision. Mais je vous promets que je reviendrai encore cette semaine. Vous me ferez connaître la ville haute ? demanda-t-il.
-    Oui, je n’ai qu’une parole, señor ! déclara le premier. Si vous ne me trouvez pas ici, demandez Bernardo. Tout le monde me connaît !
-    A bientôt, señores, comptez sur moi ! déclara Ernesto avec emphase.

-    Arrivederci, señor Cussotile ! Qué lé cou vous pèle et…, conclut Serge-Jean. 
(…)

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