Le repos dominical est un des fleurons de la tradition chrétienne où le dimanche est connu pour être le jour du Seigneur. Dans d’autres traditions, ce sont le vendredi ou le samedi qui sont censés assurer ce repos dit dominical. Bien sûr, selon cette première, le créateur du monde aurait travaillé pendant six jours et aurait ensuite décidé de prendre un repos bien mérité[1]. A cette époque, il lui était loisible d’en décider seul car il agissait à son compte sans devoir se plier aux célèbres contraintes du Code du Travail.
Foin de ces considérations cultuelles et historiques, penchons-nous sur les perspectives économiques d’une telle mesure. En effet, je pose la question : qui travaillera le dimanche et qui dépensera le dimanche ? Si ceux qui travaillent le dimanche sont ceux qui, de toute façon, auraient déjà fait du travail plus ou moins dissimulé le même jour, il n’y aura nul bénéfice hormis quelques maigres picaillons dans l’escarcelle du percepteur. Et si ceux qui dépensent le dimanche sont ceux qui, quoiqu’il en soit, auraient dépensé la semaine largement plus que ce qu’ils achèteront le dimanche, où va-t-on ? Je sais bien qu’il y aura quelques politiciens qui iront serrer quelques mains dans les magasins ouverts mais cela sera sans incidence économique réelle. Et si ceux qui travaillent le dimanche ou, à l’inverse, font leurs courses sont ceux qui auraient regardé « Vivement dimanche » ou le sport à la télévision, la perte sera sèche en termes d’audience comme en capacité cognitive pour la Nation tout entière !
Donc, il faudra rigoureusement sélectionner tant les travailleurs que les acheteurs du dimanche : point de travailleurs au noir, point de paniers percés et moins encore de politiciens. Pour travailler ce jour-là, uniquement des feignants qui ne travaillent déjà pas la semaine (il en reste…) ou des anti-calotins enragés heureux de faire une cynique nique laïque aux calotiniques. Et pour dépenser ce jour-là, seulement des distraits qui ont oubliés de dépenser suffisamment la semaine.
On voit par-là que l’économie est l’affaire de tous.
[1] D’aucuns, à l’instar
d’Ambrose Bierce, prétendent qu’après avoir créé le monde en six jours, il fut
arrêté le septième pour agissements suspects. Nous nous tiendrons néanmoins à
la version officielle.
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