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jeudi 18 décembre 2014

Le cabot de Fortunio (24)

Résigné, il sort son portable et appelle sa femme. Et il a de la chance, il tombe sur son répondeur et lui débite un mensonge gros comme une maison.
-          Une vraie histoire à dormir debout ! Elle sera pas couchée ta gonzesse quand tu arriveras chez toi.
-          Je finirai bien par lui dire la vérité. Mais là je suis pris de court !
Nous roulons en silence jusqu’à Rochechouart. Livron réattaque :
-          Ecoute, Albert, je crois vraiment que c’est toi qui devrais aller lui parler.
-          Ah non ! Tu vas pas te dégonfler maintenant. C’est ton idée, c’est toi qui y vas !
-          Je sais, je sais, mais je te garantis, il vaut mieux que ça soit toi, avec moi elle va se méfier…
-          Et si moi je débarque comme un martien, tu crois qu’elle va pas se méfier ?
-          Ecoute, Fortunio, je vais te dire une chose, tu as une bonne tête et avec la tête que tu as-tu pourrais annoncer la fin du monde à qui tu veux, il serait heureux de l’apprendre et il te dirait merci. Tu vas voir cette femme, je suis sûr qu’elle te parlera…
-          Livron, tu serais pas un pourri, toi, quelque part ? Eh bien, on va voir, je vais aller la voir cette gonzesse et si j’en sors rien, tu vas en entendre parler. Et pendant un bon bout de temps en plus…
-          Bon, on est d’accord. Donc tu vas la voir et tu lui dis que tu as eu son adresse et son nom par Sadilon et que tu voudrais savoir si elle compte faire porter sa chienne auquel cas tu voudrais réserver un petit, une femelle par exemple. Pour l’adresse, tu diras que c’est Robico qui l’avait donnée à Sadilon et que tu es venu directement chez elle, sachant que c’est elle qui a le chien.
-          Un peu mince comme entrée en matière… et quand elle va me dire qu’elle n’a plus le chien ?
-          C’est là que ça deviendra intéressant, tu verras bien, je suis sûr que tu sauras y faire !
Il fait encore clair quand nous arrivons à Verneuil mais nous avons un peu de mal à trouver la maison de Martine Grebier. C’est effectivement une jolie maison en front de rue avec un vaste jardin sur l’arrière et sur les côtés. Je gare ma fourgonnette dans la rue principale, je laisse Flèche aux bons soins de Livron et me propulse vers la maison Grebier où je sonne. Je ne sais pas si j’ai l’air stressé lorsque Martine Grebier m’ouvre la porte mais elle éclate de rire en me voyant. Je m’attendais à voir une poule de luxe ou une dame hautaine et c’est une petite brunette qui fait très jeune, peut-être moins que son âge véritable.  Je pense à ce que m’a dit Livron et je lui dis que je viens de chez Sadilon et que j’aimerais lui parler de sa chienne. Là, elle fait aussitôt la tronche mais elle me propose d’entrer. Ce que je fais. Elle me fait signe de passer dans une cuisine arrangée à l’américaine. La table est mise et je vois que j’interromps son repas. Il flotte un parfum de bonne cuisine.
-          Qu’est-ce qui vous amène ici ? Je n’ai plus de chien ! me dit-elle.
-          Ah, Monsieur Sadilon m’a dit que vous…
-          C’est qui, monsieur Sadilon ? L’éleveur du Tarn ?

-          Mais oui, vous êtes allée chercher votre chienne Kara chez lui, dis-je.
(à suivre...)

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