En vedette !

jeudi 4 décembre 2014

Le cabot de Fortunio (22)

-          Un instant, messieurs, je pense tout à coup, attendez que je réfléchisse…
Livron se retourne pendant que je fais monter Flèche dans mon véhicule.
-          Tout de même, ce nom, Kara, il est possible que ce chien vienne de chez moi. Vous savez, je ne me souviens pas de tous les noms, l’année passée était une année en K et j’ai une chienne qui a eu une portée de neuf chiots, tous bien vivants. J’ai appelé les six femelles Kara, Kata, Kama, Kada, Kala et Kaba peut-être… je ne sais plus très bien. Je pourrais vérifier sur mes livres. Laissez-moi votre numéro, je n’ai pas le temps maintenant mais ce soir ou demain, si vous voulez vraiment savoir…
-          Et si on allait voir tout de suite ? propose Livron.
-          Je n’ai pas le temps, je dois aller…
-          Vous savez, on est pas des agents du fisc, on s’intéresse pas à votre comptabilité, on veut pas savoir si vous avez vendu ce chien trois-cents ou trois-mille euros. On aimerait juste savoir qui a acheté ce chien…
Le nommé Sadilon regarde Livron de l’œil du gars qui a vu une merde sur le trottoir mais mon Livron ne se dégonfle pas et le toise sans ciller.
-          Allons, allons, dit Sadilon, on va aller voir, suivez-moi.
Il nous fait entrer par une porte latérale donnant dans un petit bureau. Il ouvre une armoire à classeurs, trifouille un peu dans un classeur, fait mine de ne rien trouver puis prend un cahier d’écolier qu’il se met à feuilleter. Puis il reprend la parole :
-          Voilà, je me souviens. Le chien a été acheté par un nommé Robico qui est venu me le régler sur place. Mais c’est une dame qui est venu le chercher, en fait c’était un cadeau, je pense que cette dame n’était pas sa femme…
-          Qu’est-ce qui vous fait penser cela ?
-          Il portait une alliance. Elle n’en portait pas… Et puis, j’ai bien cru comprendre… je dirais même, enfin ça va vous paraître bizarre… comme un cadeau de rupture…
-          Un cadeau de rupture ? dis-je, incrédule.
-          Vous savez, ce ne serait pas la première fois, en quelque sorte un chien de remplace-amant ! Ah, j’ai vu aussi une dame qui a offert un chien à son mari pour l’occuper pendant qu’elle était chez son amant. Il paraît que c’est très efficace !
-          C’est cette dernière qui vous l’a raconté ? demandé-je.
-          Ah ah, non, c’est son amant, je le connais bien et c’est lui qui avait donné le conseil à la dame…, répond-il d’un air gêné.
-          Le marketing fait feu de tout bois, commenté-je. Mais la dame vous a-t-elle donné son nom à elle ?
-          Non, elle a été un peu déçue quand elle a vu que le chien n’était pas à son nom pour les papiers vétérinaires, mais elle était emballée par le chien. Comme presque toujours quand les chiens sont petits, évidemment. Voilà, c’est tout ce que je peux vous dire : Robico, ah oui, à Verneuil en Charente, c’est l’adresse qu’il m’a donnée.
-          Eh bien voilà, finalement vous en savez des choses, dit Livron. Merci beaucoup, Monsieur Salidon, on ne va pas vous retarder plus maintenant !

-          Au revoir, messieurs, tout le plaisir fut pour moi, répond-il d’un ton sarcastique.
(à suivre...)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire