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dimanche 30 novembre 2014

Chronique du temps exigu (133)

Il est doux d’avoir des amis riches, heureux et en bonne santé.
C’est pourquoi je vais vous parler de mon ami le professeur Papillon. En effet, ce dernier, suite à son éviction de la Fonction Publique, suite à son infortune conjugale et suite à un redressement fiscal qui lui avait été adressé par l’amant de sa femme qui n’était autre que son propre percepteur, était tombé dans un profond marasme qui faillit lui coûter sa santé. N’eût été l’intervention du bon docteur V., notre ami professeur aurait touché le fond. Mais un traitement par les plantes des pieds lui permit de se remettre à flot : le docteur V. lui prescrit une paire de chaussettes jaunes dans lesquelles il introduisit un fin mulching de feuille d’impôt mêlé à un léger broyat des pages ** à **[1] du Code de la Fonction Publique. En moins d’une semaine, le professeur avait retrouvé toute son énergie de découvreur. Toutefois, pour avoir l’esprit libre et s’adonner à la découverte, il lui sembla fondamental de se donner des moyens financiers et il m’avait emprunté les trente-six euros soixante-dix-sept cents nécessaires pour l’achat d’un piège à ragondins. Car il voulait se lancer dans le piégeage de cet animal considéré comme nuisible. Disons bien que le ragondin est nuisible surtout quand il est en bande, ce qui le rend proche du politicien : en effet, lâchez un homme politique seul et court-vêtu dans la nature, il fera peu de dégâts. Mais remettez-le dans un Conseil, une Assemblée ou une Chambre et il se permettra les pires méfaits. Mais revenons à nos myopotames…
Papillon se mit donc entrepreneur de piégeage de myocastors et bâtit une véritable fortune sur cette activité. En effet, passons sur les détails sordides, la chair de cet animal est fort appréciée sous l’appellation « lièvre des marais » et l’on peut trouver dans les meilleures boutiques du pâté de marque « Papillon », célèbre dans quarante-quatre pays sur trois continents. De plus, la fourrure de ce mammifère est très prisée pour la fabrication de chaudes et élégantes pelisses.  Pour les gants, on préfèrera la fourrure de rat musclé, qui donne une forte poigne.
Rappelons que la femelle ragondine a les mamelles sur le dos afin que ses petits puissent téter tout en nageant, particularité unique et remarquable.
C’est ainsi que notre éminent professeur vint me restituer l’argent prêté, augmenté des intérêts légaux. Par la même occasion, il me promit une chapka de fourrure, je l’attends avec impatience.
On voit par là qu’il faut garder la tête près du bonnet.



[1] Il est utile de préserver l’anonymat de ces dernières.

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