II. Les chiens
aboient…
Lundi matin, je vais au chantier escorté de mon chien de garde. Je me
demande si je fais bien de le trimbaler ainsi avec moi mais on n’est qu’au
début de notre relation, si j’ose dire, et je suis son seul repère. Donc, c’est
ainsi pour le moment, on verra après.Je m’éclipse en cours de matinée pour aller au bureau de poste et faire partir mon courrier du cœur, affranchi en bonne et due forme. Puis, retour au boulot, faut être sérieux quand même !
Le boulot est rude, nous montons de grosses poutrelles pour faire un plancher et nous voyons avec soulagement arriver la fin de la journée. Chacun rejoint son chez soi.
Et qui m’attend devant ma porte ? Mon ami Livron, le gendarme marmandais en tenue de footing et débarqué d’une Clio grise.
-
Bonjour Monsieur Forelle, je ne vous dérange
pas ?
-
Non, je préfère vous voir habillé ainsi. Vous
venez faire votre footing dans les champs de patates ?
-
Pourquoi pas ? Non, je viens d’abord vous
saluer et présenter mes hommages à Mademoiselle Flèche, c’est bien comme cela
que vous l’appelez ?
-
Nous sommes plus intimes que ça, c’est Flèche
tout court ou La Flèche si on veut.
-
Bien. J’avais dit que je vous tiendrais au
courant de l’enquête, cela n’est pas très régulier mais vous allez comprendre
pourquoi je viens vous voir.
-
Alors, asseyons-nous. Voulez-vous boire quelque
chose ? Une bière par exemple, vous n’êtes pas en service, je
suppose ?
-
Ce n’est pas mon habitude mais si c’est pour
trinquer, va pour une petite bière…
-
Attention ! Il n’y a pas de petites bières,
ici. Il n’y a que des grandes bières. Mais je vous promets de ne pas vous
pousser à la consommation…
Nous entrons dans la maison, je sors deux bouteilles d’Orval avec les verres
ad hoc. Nous trinquons.
-
Prosit ! Monsieur Livron.
-
Ah oui, prosit, monsieur Forelle. Mais
appelez-moi Raymond quand je suis en péquin !
-
Oui, volontiers et appelez-moi Albert. Alors, votre
enquête ?
-
Oui, mon enquête, comme vous dites ! Le
Docteur Robico était propriétaire du véhicule. Mais il n’est pas rentré chez
lui depuis une bonne quinzaine de jours. Toutefois, son épouse a retrouvé le
double du papier de la vente et on connaît le nom du nouveau propriétaire…
-
Et alors, vous l’avez retrouvé ?
-
Quand je vous aurai dit son nom, vous
comprendrez : il s’appelle Adso Demelk.
-
Ce nom devrait me dire quelque chose ?
-
Ça dépend. Vous avez vu le film « le nom de
la rose » ?
-
Non, j’ai lu le livre ! Ça me revient, bien
sûr, c’est le disciple de l’inquisiteur…
-
Voilà, c’est un faux nom dans le cas qui nous
intéresse. Ce n’est pas étonnant que le
gars n’ait pas changé la carte grise. Il aurait payé en espèces, pas de trace
de chèque. Et pas question de chercher des puces coté Robico, ce gars-là a
épousé Sophie de Laglande, la fille du richissime et puissantissime
Michel-Richard de Laglande. Robico a disparu, certes, mais pas question de le
rechercher, ce n’est pas de notre ressort et il faut une demande de la famille.
J’ai parlé du chien à mon supérieur qui m’a répondu : « Laissez
tomber, il n’y a ni mort d’homme ni dégâts causés aux tiers, cette histoire va
se tasser et ce sera bien comme cela, on a d’autres chats ou chiens à
fouetter ».
-
Ce qui veut dire affaire classée ?
(à suivre...)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire