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jeudi 13 novembre 2014

Le cabot de Fortunio (19)

II. Les chiens aboient…
Lundi matin, je vais au chantier escorté de mon chien de garde. Je me demande si je fais bien de le trimbaler ainsi avec moi mais on n’est qu’au début de notre relation, si j’ose dire, et je suis son seul repère. Donc, c’est ainsi pour le moment, on verra après.
Je m’éclipse en cours de matinée pour aller au bureau de poste et faire partir mon courrier du cœur, affranchi en bonne et due forme. Puis, retour au boulot, faut être sérieux quand même !
Le boulot est rude, nous montons de grosses poutrelles pour faire un plancher et nous voyons avec soulagement arriver la fin de la journée. Chacun rejoint son chez soi.
Et qui m’attend devant ma porte ? Mon ami Livron, le gendarme marmandais en tenue de footing et débarqué d’une Clio grise.
-          Bonjour Monsieur Forelle, je ne vous dérange pas ?
-          Non, je préfère vous voir habillé ainsi. Vous venez faire votre footing dans les champs de patates ?
-          Pourquoi pas ? Non, je viens d’abord vous saluer et présenter mes hommages à Mademoiselle Flèche, c’est bien comme cela que vous l’appelez ?
-          Nous sommes plus intimes que ça, c’est Flèche tout court ou La Flèche si on veut.
-          Bien. J’avais dit que je vous tiendrais au courant de l’enquête, cela n’est pas très régulier mais vous allez comprendre pourquoi je viens vous voir.
-          Alors, asseyons-nous. Voulez-vous boire quelque chose ? Une bière par exemple, vous n’êtes pas en service, je suppose ?
-          Ce n’est pas mon habitude mais si c’est pour trinquer, va pour une petite bière…
-          Attention ! Il n’y a pas de petites bières, ici. Il n’y a que des grandes bières. Mais je vous promets de ne pas vous pousser à la consommation…
Nous entrons dans la maison, je sors deux bouteilles d’Orval avec les verres ad hoc. Nous trinquons.
-          Prosit ! Monsieur Livron.
-          Ah oui, prosit, monsieur Forelle. Mais appelez-moi Raymond quand je suis en péquin !
-          Oui, volontiers et appelez-moi Albert. Alors, votre enquête ?
-          Oui, mon enquête, comme vous dites ! Le Docteur Robico était propriétaire du véhicule. Mais il n’est pas rentré chez lui depuis une bonne quinzaine de jours. Toutefois, son épouse a retrouvé le double du papier de la vente et on connaît le nom du nouveau propriétaire…
-          Et alors, vous l’avez retrouvé ?
-          Quand je vous aurai dit son nom, vous comprendrez : il s’appelle Adso Demelk.
-          Ce nom devrait me dire quelque chose ?
-          Ça dépend. Vous avez vu le film « le nom de la rose » ?
-          Non, j’ai lu le livre ! Ça me revient, bien sûr, c’est le disciple de l’inquisiteur…
-          Voilà, c’est un faux nom dans le cas qui nous intéresse. Ce  n’est pas étonnant que le gars n’ait pas changé la carte grise. Il aurait payé en espèces, pas de trace de chèque. Et pas question de chercher des puces coté Robico, ce gars-là a épousé Sophie de Laglande, la fille du richissime et puissantissime Michel-Richard de Laglande. Robico a disparu, certes, mais pas question de le rechercher, ce n’est pas de notre ressort et il faut une demande de la famille. J’ai parlé du chien à mon supérieur qui m’a répondu : « Laissez tomber, il n’y a ni mort d’homme ni dégâts causés aux tiers, cette histoire va se tasser et ce sera bien comme cela, on a d’autres chats ou chiens à fouetter ».

-          Ce qui veut dire affaire classée ?
(à suivre...)

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