Car c’est bien de cela qu’il s’agit : on veut faire des barrages, des grands travaux sous des prétextes fallacieux mais attestés par des experts dont on se demande parfois d’où ils sont sortis et quels sont les conflits d’intérêts qu’on pourrait leur reprocher. Il faut avoir de l’eau pour arroser, paraît-il, mais dit-on aussi que c’est pour arroser des cultures toujours plus exigeantes en eau, toujours plus traitées en engrais et pesticides ? Non, on ne le dit pas, cela ferait désordre. Mais, vous disent encore ces experts et ces élus de toutes tendances, cela aura des retombées en terme de développement et en terme d’emploi, de même que quand il pleut sur M’sieur l’curé y tombe des gouttes sur le bedeau. Ah les belles promesses qui font vibrer les journalistes locaux, les syndicalistes et autres couillons de toutes farines. Car le problème n’est pas que le pouvoir soit accaparé par les gens de fric, de science et de politique, il est qu’ils ont un public fidèle qui gobe leurs sottises par le truchement des médias complices, public qui croit qu’en tapant un coup à gauche puis un coup à droite on continuera à avancer droit, public dont le divertissement est de critiquer une fois les uns, une fois les autres, mais un public qui partage au fond de lui-même ce consensus mou du discours scientifique, technique et marchand.
Mais l’attention de cette nébuleuse se tournera bien vite vers d’autres préoccupations et, suivant le principe qui dit que quand on veut assécher le marais, on ne prévient pas les grenouilles, on reprendra les dossiers, on y mettra un coup de peinture neuve, on changera de gouvernement, on fera du neuf avec du vieux, les experts et les bétonneurs se ramasseront de la fraîche et les élus seront toujours les élus. Car ils vous diront que c’est comme cela, la démocratie : on est élu pour une durée déterminée et, une fois élu, on fait ce qu’on veut. Ils n’ont pas tout à fait tort puisque c’est bien le principe de notre démocratie représentative. Mais alors qu’ils assument seuls leur bilan au lieu de gémir sous le soi-disant poids des responsabilités qu’ils ont eux-mêmes sollicitées. Et surtout qu’en fin de mandat ils montrent comment ils méritent la retraite qu’ils vont percevoir... s’ils la méritent. Et qu’ils se rappellent que la république, c’est la gestion de ce qui appartient à tous.
Alors, s’il ne doit y en avoir que quelques-uns pour se souvenir de R.F., que nous soyons ceux-là.
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