En vedette !

dimanche 23 novembre 2014

Chronique du temps exigu (132)

Le Parlement Français est très occupé à redessiner la carte des régions françaises : il paraît qu’une telle mesure permettra de réduire les dépenses de l’Etat. D’aucuns vont jusqu’à prétendre que cela génèrera des économies mais cela est un abus de langage ; comment en effet générer en moins ?
Foin de ces basses considérations financières et voyons plutôt l’avantage qu’il y a, tout en agrandissant les régions, à ne pas supprimer cet échelon appréciable dans la hiérarchie administrative et électorale. Bien sûr, cet échelon permet d’occuper les électeurs deux dimanche tous les 6 ans mais aussi de fournir un siège à des conseillers régionaux qui sans cela se verraient bien fatigués. Toutefois, l’avantage le plus certain réside dans le parapluie que représente la hiérarchie des lieux de pouvoir.
En effet, imaginons que vous avez un souci qui relève de l’administration locale : vous allez voir votre maire et comme celui-ci ne peut – ou ne veut ? - rien faire, il vous déclare tout de go : « c’est pas nous » (prononcer :cépanou) et il (ou elle) vous renvoie sur les instances départementales, préfecture ou Conseil Général. Bon enfant, vous lui faites confiance et vous déplacez donc vers votre chef-lieu de département pour obtenir satisfaction. Et là, on vous répond : « Cela n’est pas de notre ressort, voyez le Conseil Régional ! ». Naïf quoiqu’obstiné, vous vous transportez à l’Hôtel de Région, pensant trouver un aboutissement à votre juste cause mais, les voyages formant la jeunesse, on vous affirme que c’est à Paris-Capitale du Jacobinisme que tout se décide et que c’est donc là qu’il faut vous rendre. En fin de compte – c’est ce que vous croyez – vous arrivez devant le Président de la République, vous lui baisez les mains, certain d’avoir enfin trouvé celui qui comblera votre demande. Oh déception cruelle ! Il vous envoie vers Bruxelles, siège des instances européennes (il est à noter qu’en France, si quelqu’un se plaint de l’Europe, il dira toujours que c’est la faute à Bruxelles et s’il y a quelque satisfaction, c’est grâce à Strasbourg… allez savoir pourquoi !). Il ne vous reste plus qu’à prendre le Thalys et vous propulser vers le Berlaimont-Camembert où l’on vous répondra (si l’on vous répond…) : « Mais cher monsieur, votre problème, c’est la faute à la mondialisation, nous ne pouvons rien pour vous ! ».
Alors, las, vous venez enfin de comprendre ce qu’est le parapluie administrativo-électoral et vous voyez par-là qu’il importe de ne surtout pas supprimer un échelon de cette hiérarchie qui non seulement engraisse des élus déjà replets mais aussi les préserve de la pluie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire