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jeudi 11 décembre 2014

Le cabot de Fortunio (23)

Cette fois, nous prenons effectivement le départ.
-          Ce mec ne me plaît pas, avec ses grands airs, dit Livron dans la voiture. Il a semblé déstabilisé quand tu lui as dit le nom de la chienne… tu as bien fait de ne pas lui dire que tu connaissais le nom du propriétaire supposé puisque maintenant nous savons pourquoi Madame Robico a répondu qu’ils n’avaient pas de chien.
-          En tout cas, il était prêt à la racheter pour une croûte de pain, si je peux dire… Tu sais, Livron, ça me fait un peu chier d’avoir un copain flic.
-          Quelque part, Fortunio, ça me rassure…
-          Ah bon, ça te rassure ?
-          Tu m’aurais dit : Livron, je t’aime, tu m’aurais fait peur. Un bon point. Tu m’aurais dit : Livron, j’aime les flics, j’aurais eu peur pour ta santé mentale. Deuxième bon point.
-          T’es sans doute pas un flic comme les autres…
-          Si. Mais moi je sais que je suis un flic comme les autres, j’ai conscience de n’être que ce que je suis.
-          Bon, admettons. Mais où en sommes-nous maintenant ? En résumé, on fait quoi à partir de ce petit peu qu’on a appris ?
-          Oui, résumons : Robico est l’ancien propriétaire d’une bagnole retrouvée en confettis sur la route des Copiaudes. Il l’a vendue à un soi-disant nommé Adso Demelk. On ne sait pas qui était au volant et, curieusement, en cherchant des restes humains on trouve un chien en parfait état de marche. Chien qui lui-même a été immatriculé, façon de parler, au nom de Robico. Rien ne prouve que ce chien ait été dans le véhicule mais les multiples contusions nous font penser que peut-être. Rien ne prouve que le conducteur s’en soit sorti indemne mais l’histoire de Bretonet nous font aussi penser que peut-être. Ce qu’il nous reste d’assez certain, c’est que ce chien a été acheté par Robico qui l’a offert à sa maîtresse qu’il avait l’intention de quitter.
-          L’intention…
-          Oui, je sais, c’est une hypothèse, une interprétation. Traitons-la comme un indice. Car c’est notre seul fil conducteur : donc il faut aller voir la maîtresse en question puisque nous savons où elle habite.
-          Et tu vas aller lui demander : « Bonjour Madame ou Mademoiselle, auriez-vous reçu un clebs en cadeau de rupture ? »
-          Non, c’est toi qui vas y aller, sans le chien bien sûr. Et tu vas lui dire que tu cherches Robico, tu lui inventes quelque chose, que tu es éleveur de snotemachin et que tu aimerais le rencontrer par exemple…
-          Et j’ai eu le nom de Madame comment ?
-          Ah ah ! Bien sûr mais tu lui diras que tu as eu son nom par Sadilon…
-          Elle ne lui a pas laissé son nom, il nous l’a bien dit !
-          Voilà, prêcher le faux pour savoir le vrai, ça c’est du travail d’enquêteur !
-          Et c’est bien pour ça que c’est toi qui vas y aller. On fonce sur Cahors, Brive et Limoges et on est chez la dame en question avant vingt heures. Je te dépose devant chez elle et j’attends pendant que tu enquêtes avec tes gros sabots…
-          Ça nous fait rentrer à minuit, cette histoire ! Bon, tu as sans doute raison. Pourtant, je persiste à croire que tu aurais été plus convaincant. Moi, j’ai du mal à ne pas avoir l’air d’un gendarme dans le civil.
-          T’as qu’à lui dire que t’es militaire dans l’armée de l’air… pilote d’essai dans une usine de suppositoire par exemple…
-          Bon, je vais appeler mon épouse pour lui dire que je rentrerai tard. Je ne sais pas quoi trouver comme prétexte…

-          Prêche-lui le faux et dis-lui de faire l’économie du vrai. C’est ça le travail d’enquêteur !
(à suivre...)

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