-
Ce mec ne me plaît pas, avec ses grands airs,
dit Livron dans la voiture. Il a semblé déstabilisé quand tu lui as dit le nom
de la chienne… tu as bien fait de ne pas lui dire que tu connaissais le nom du
propriétaire supposé puisque maintenant nous savons pourquoi Madame Robico a
répondu qu’ils n’avaient pas de chien.
-
En tout cas, il était prêt à la racheter pour
une croûte de pain, si je peux dire… Tu sais, Livron, ça me fait un peu chier
d’avoir un copain flic.
-
Quelque part, Fortunio, ça me rassure…
-
Ah bon, ça te rassure ?
-
Tu m’aurais dit : Livron, je t’aime, tu m’aurais fait peur. Un bon point. Tu m’aurais
dit : Livron, j’aime les flics,
j’aurais eu peur pour ta santé mentale. Deuxième bon point.
-
T’es sans doute pas un flic comme les autres…
-
Si. Mais moi je sais que je suis un flic comme
les autres, j’ai conscience de n’être que ce que je suis.
-
Bon, admettons. Mais où en sommes-nous
maintenant ? En résumé, on fait quoi à partir de ce petit peu qu’on a
appris ?
-
Oui, résumons : Robico est l’ancien
propriétaire d’une bagnole retrouvée en confettis sur la route des Copiaudes.
Il l’a vendue à un soi-disant nommé Adso Demelk. On ne sait pas qui était au
volant et, curieusement, en cherchant des restes humains on trouve un chien en
parfait état de marche. Chien qui lui-même a été immatriculé, façon de parler,
au nom de Robico. Rien ne prouve que ce chien ait été dans le véhicule mais les
multiples contusions nous font penser que peut-être. Rien ne prouve que le
conducteur s’en soit sorti indemne mais l’histoire de Bretonet nous font aussi
penser que peut-être. Ce qu’il nous reste d’assez certain, c’est que ce chien a
été acheté par Robico qui l’a offert à sa maîtresse qu’il avait l’intention de
quitter.
-
L’intention…
-
Oui, je sais, c’est une hypothèse, une interprétation.
Traitons-la comme un indice. Car c’est notre seul fil conducteur : donc il
faut aller voir la maîtresse en question puisque nous savons où elle habite.
-
Et tu vas aller lui demander :
« Bonjour Madame ou Mademoiselle, auriez-vous reçu un clebs en cadeau de
rupture ? »
-
Non, c’est toi qui vas y aller, sans le chien
bien sûr. Et tu vas lui dire que tu cherches Robico, tu lui inventes quelque
chose, que tu es éleveur de snotemachin et que tu aimerais le rencontrer par
exemple…
-
Et j’ai eu le nom de Madame comment ?
-
Ah ah ! Bien sûr mais tu lui diras que tu
as eu son nom par Sadilon…
-
Elle ne lui a pas laissé son nom, il nous l’a
bien dit !
-
Voilà, prêcher le faux pour savoir le vrai, ça
c’est du travail d’enquêteur !
-
Et c’est bien pour ça que c’est toi qui vas y
aller. On fonce sur Cahors, Brive et Limoges et on est chez la dame en question
avant vingt heures. Je te dépose devant chez elle et j’attends pendant que tu
enquêtes avec tes gros sabots…
-
Ça nous fait rentrer à minuit, cette
histoire ! Bon, tu as sans doute raison. Pourtant, je persiste à croire
que tu aurais été plus convaincant. Moi, j’ai du mal à ne pas avoir l’air d’un
gendarme dans le civil.
-
T’as qu’à lui dire que t’es militaire dans
l’armée de l’air… pilote d’essai dans une usine de suppositoire par exemple…
-
Bon, je vais appeler mon épouse pour lui dire
que je rentrerai tard. Je ne sais pas quoi trouver comme prétexte…
-
Prêche-lui le faux et dis-lui de faire
l’économie du vrai. C’est ça le travail d’enquêteur !
(à suivre...)
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