Tout l’être
est profondément saisi aux tripes d’angoisse et de mélancolie. C’est la
tristesse qui nous envahit et altère notre esprit en annihilant toute velléité
de réagir.
D’où vient
que ces lieux baignent dans cette torpeur ? Est-ce une atmosphère gazeuse
qui intoxiquerait les poumons, sont-ce les eaux turbides de fleuves et rivières
dont les vapeurs brumeuses envelopperaient les êtres et les choses ?
Sont-ce des ondes nocives et insidieuses traversant les cellules et les
cerveaux ? C’est encore plus incompréhensible car ces lieux ne sont
nullement voués de toute éternité à cette angoisse délétère et il suffirait de
peu pour que change leur destin, pour que s’établisse un nouvel équilibre, pour
que la joie vienne et demeure…
Mais alors,
mais alors, Dimitri ? Silence ! Si les dieux sont partis, si les âmes
sont en déshérence, si la bise mord les visages, si le mystère a déserté ces
lieux, que s’est-il donc passé ? Quel est donc le flot qui,
insidieusement, a noyé de ses effluves et effluents des contrées entières et
les a ainsi rendues impropres à la pensée, à la créativité et à l’amour ?
Il semble que des êtres soient chargés d’une mission spéciale, obscure et
ténébreuse, avec pour seul impératif de répandre la sottise en des territoires
voués par leur seule présence à l’affliction, à la douleur et à une vague
nostalgie de ce qui aurait été. Et ils remplissent avec ténacité, obstination
et efficacité leur douteuses obligations car là où ils s’installent ne subsiste
que leur immarcescible stupidité : les terres s’en trouvent transformées,
les airs en deviennent pollués et la lumière même en devient obscurcie. Ces
êtres s’accrochent, sûrs d’eux-mêmes, et ils s’adoubent entre eux, stultitia stultitiam prolificat…
Il y a des lieux où les âmes
sont tombées en somnolence.
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