S’il est
une heure fragile et délicieuse, par tous temps, elle est au petit matin. Le
soleil plisse encore les yeux et la rosée s’épanouit. A cette heure où blanchissait
la campagne, je me trouvais à arpenter d’un pas distrait la pelouse d’un
terrain de foot. Au point de penalty, dans l’éclat de la rosée, se dressait,
frêle et mamelonné, un petit champignon dénommé marasme d’oréade. Je me mis à
rêver. Hier soir encore, les stades grondaient de la fureur des hommes, de
sifflets stridents et de trompettes patriotiques. Car le sport est national,
comme l’embarras est gastrique, par un attachement viscéral.
Au coup de
sifflet final, les virils mollets rentrèrent au vestiaire, lentement la foule
quitta les stades, les postes de télévision s’éteignirent et les sportifs en
pantoufles vidèrent leur vessie avant de finir d’éructer quelques boissons
fermentées au creux de leur lit. C’est alors qu’une douce oréade, nymphe des
bois et des montagnes, partit effleurer le doux gazon abandonné et posa là son
marasme de déesse délaissée.
Au petit
matin, je suis là et contemple la tristesse qui l’accabla dans la nuit. O
sylphe, fils du matin qui se lève, console cette douleur érigée. Et
vous, farfadets, lutins, dracs et elfes, amusez-vous sans compter, dansez et
jouez pour lui redonner sa joie de vivre.
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