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jeudi 11 juin 2015

Le cabot de Fortunio (49)

III. …la caravane passe.

Dans l’avion pour Wassabé, je suis côté fenêtre, ou hublot si vous préférez. Gheusy, lui, a insisté pour que je me mette là, j’ai pas tout de suite compris pourquoi mais maintenant c’est évident. Déjà en arrivant dans le zinc, il m’a semblé le voir mettre la main au panier à l’hôtesse. Maintenant qu’on est installé, on survole la Méditerranée, il n’arrête pas de lui demander un truc ou l’autre. Tant et si bien que notre ange gardien, le plus ou moins officiel, a fini par lui demander de se faire oublier.
Hier soir, je suis arrivé à Matabiau à neuf heures, du soir bien sûr. Avec un changement à Agen, il faut plus de deux heures. Bonnefoi voulait m’emmener au restau mais je n’avais pas le cœur à ça. On s’est envoyé deux jambons beurre cornichons chacun avec deux demis, pareil. Ensuite, on est allés à l’hôtel où Gheusy nous attendait avec un attaché-case plein de billets. J’ai ajouté, comme prévu, ma quote-part, il m’a fait un reçu symbolique, on a fermé et on a couché tous les trois dans la même chambre, François et Gheusy dans le lit conjugal et moi dans celui du troisième homme. François avait prévu un taxi pour le matin de bonne heure, le tacard nous a déposé à l’aéroport où en patientant on a eu droit à des croissants et du café. Klim est arrivé le dernier, trois pièces cravate, le style garde du corps discret. Klim, c’est le plus ou moins officiel annoncé. Et plutôt plus que moins puisqu’il est en fait attaché culturel à l’ambassade. Attaché peut-être, culturel mon cul, me dis-je in petto. Le genre de mec qui rigole chaque fois qu’il tombe un œil… Bon mais voilà, on en a bien besoin. Il a pris la valisette en charge, c’est lui qui s’en chargera jusqu’à ce que nous soyons entre les mains de nos escorteurs.
Gheusy s’est assoupi et je me régale à regarder la mer puis la terre vues d’avion. J’essaye de me décontracter, autant que possible, malgré la boule dans l’estomac. L’hôtesse nous demande d’attacher nos ceintures, je réveille Gheusy. Nous arrivons à Wassabé. Klim nous demande de rester assis à nos places, on viendra nous chercher. Nous patientons une bonne demi-heure au bout de laquelle un militaire blanc en treillis et casquette Bigeard vient nous chercher. Il se présente comme étant le capitaine Paréguy, conseiller militaire. Il nous briffe rapidement. C’est lui qui est chargé de nous escorter. Il va nous présenter au colonel Donno qui assurera avec quelques hommes notre protection et notre transport. Lui-même, Paréguy, n’a autorité ni sur le colonel ni sur ses hommes. Nous aurons à nous conformer à ses instructions. Les hommes parlent tous le français mais nous ne sommes pas censés leur parler. On peut leur faire confiance, ce sont tous des soldats d’élite. Et surtout pas de condescendance à leur égard, ils sont ici chez eux et nous sommes leurs obligés. Si notre attitude ne convient pas, nous nous ferons rappeler à l’ordre.

Une fois bien mis au courant, nous sommes invités à descendre de l’avion. Il fait une chaleur incroyable et le tarmac nous renvoie toutes les calories dans la tronche. Je mets mes lunettes solaires et nous descendons à terre. Trois Jeeps et deux camions militaires se garent devant nous, un gradé en descend et vient à notre rencontre. Salut militaire impeccable mais l’air avenant, il se présente, c’est bien lui le colonel. Cet africain parle un français impeccable, meilleur que ce que l’on entend couramment en France… avec un chic et une éducation au top niveau !
(à suivre...)

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