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jeudi 18 juin 2015

Le cabot de Fortunio (50)

Deux grosses berlines noires arrivent ensuite, Klim me restitue l’attaché-case et monte dans la seconde qui démarre aussi sec. Le colonel nous fait monter dans l’autre, Gheusy et moi derrière et lui devant, à côté du chauffeur qui met en route, une Jeep nous précède et le reste du convoi suit derrière nous. Le colonel Donno se tourne vers nous :
-          Messieurs, nous allons vous conduire dans un endroit où nous tenterons de garantir au mieux votre sécurité. Mais ces canailles ont astucieusement choisi le point de rendez-vous, si je puis dire. Il s’agit d’une zone frontalière et ils auront vite fait de passer dans un autre pays, ce qui veut dire que nous n’avons aucune chance de les coincer car nous ne pouvons en aucun cas sortir de nos frontières. De plus, notre mission consiste à vous escorter et à vous protéger, rien de plus, sachez le bien. Nous n’interviendrons pas au moment de l’échange, tout au plus nous tiendrons-nous à l’arrière. Ils nous verront car il faut qu’ils sachent que nous garantissons votre sécurité mais c‘est tout. Avez-vous des questions ?
-          Avez-vous une idée de l’identité des kidnappeurs ? demandé-je hardiment.
-          Monsieur, il y a un proverbe, chez nous, qui dit : « Quand tu entends crier le chacal, tu sais que c’est un chacal mais tu ne sais pas qui il est » !
-          D’accord, chez nous on dit : « Quand tu as mangé un plat de fayots, tu sais pas lequel c’est qui te fait péter ». Je suppose que c’est la même chose…
Le colonel sourit poliment et soupire. Il ajoute :
-          Monsieur, je vois que vous ne manquez pas d’humour. Gardez-en un peu pour quand vous serez en face d’eux, cela pourrait servir… Ce soir, nous logerons à Gundaria dans une caserne. Demain matin, nous laisserons cette voiture et nous devrons continuer en Jeep et en camion. Cela sera nettement moins confortable mais nous prendrons la piste. A partir de demain, vous serez avec le capitaine Paréguy car c’est lui qui vous conseillera et, si nécessaire, dirigera les opérations. Toujours sous mon contrôle, bien sûr, mais il sera votre seul interlocuteur même en ma présence. Plus de question ?
Je fais signe que non et il se détourne pour regarder la route. Je me demande bien ce que je suis venu faire dans cette galère. Gheusy semble s’être assoupi. Je rumine en silence. Vers vingt heures, nous arrivons enfin à la caserne de Gundaria. Notre cortège file tout au bout de la caserne vers des bâtiments qui paraissent désaffectés. Notre berline s’arrête devant une porte, le colonel nous invite à pénétrer dans ce qui ressemble à une villa qui fait un peu insolite dans le décor. La fraîcheur des lieux tranche agréablement avec la chaleur du dehors. Paréguy nous rejoint et nous fait entrer dans une salle de séjour où un soldat vient nous porter des boissons froides.

-          Je suppose que vous apprécierez cette délicate attention de l’armée gondolaise. Mais il n’y a pas d’alcools, désolé messieurs. Nous logerons dans cette maison qui était le logement du commandant de la garnison à l’époque coloniale. Buvons un coup, le repas ne va pas tarder. Nous ferons une petite mise au point pendant le repas et le colonel nous rejoindra à la fin. Je vais vous demander de me remettre vos téléphones portables, je les garderai jusqu’à votre retour à Wassabé. Eteignez-les avant de me les donner. Merci et prenez place.
(à suivre...)

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