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jeudi 25 juin 2015

Le cabot de Fortunio (51)

Nous lui donnons nos appareils et, une fois assis, il nous sert des jus de fruits excellents, l’armée fait bien les choses ici. Puis, il nous expose comment nous devrons faire. Le rendez-vous a été donné dans un lieu particulièrement choisi. Le colonel Donno sera le seul à avoir un contact par téléphone avec François puis avec les ravisseurs. Notre groupe devra rester à quelques mille-cinq-cents mètres de la position des kidnappeurs. Je devrai, seul et non armé, m’approcher à mi-chemin et déposer le fric. Un des bandits viendra à ma rencontre accompagné par Eliane. Nous serons à cent mètres l’un de l’autre. Je verrai donc Eliane. Le gars récupérera l’argent et ensuite, il repartira et nous devrons encore attendre qu’il donne le signal pour qu’Eliane puisse me rejoindre et que nous revenions, elle et moi, vers la troupe. Il faut que je me mette tout cela bien en tête car une fausse manœuvre peut faire capoter l’opération, insiste Paréguy. S’il y a quoique ce soit ensuite, c’est lui, et lui seul, qui me criera les ordres.
Notre repas arrive et nous mangeons. Paréguy est un convive agréable et qui a de la conversation. Nous apprenons qu’en fait le capitaine Paréguy n’existe pas et que nous n’entendrons plus parler de lui après cette opération. Il sera donc inutile de prononcer son nom de retour en France. La seule info qu’il nous lâche, c’est qu’il a au moins deux nationalités, française et gondolaise. Mais nous ne saurons ni s’il est militaire, ni s’il est agent de quelque service ou encore mercenaire. Gheusy se réveille un peu de sa torpeur et l’ambiance est au beau fixe quand arrive le colonel Donno.
-          Je vois que vous êtes restaurés, messieurs, je viens voir si tout va bien et si le capitaine Paréguy vous a bien décrit le mode opératoire. Capitaine, je pense que monsieur Forelle est un homme qui a la répartie facile et l’esprit alerte. Souhaitons qu’il soit en possession de tous ses moyens en face des ravisseurs. Cela dit, je voulais vous faire une surprise, messieurs, et je vous ai déniché une bouteille de vin mousseux d’Afrique du sud. Je ne sais pas ce qu’il vaut mais au moins il est frais. Trinquons à la réussite de notre opération de sauvetage, dit le colonel en débouchant la bouteille.
Après avoir vidé à quatre la bouteille, Paréguy nous fait monter dans les chambres. Le mobilier est succinct, réduit à un lit et un meuble lavabo avec une cuvette et un broc. Nous nous couchons et je m’endors aussitôt, comme si j’étais un touriste en balade.
Le lendemain très tôt, c’est Paréguy qui me fait sortir du lit. Nous avons droit à un peu de pain avec un fromage un peu étrange et une grande tasse d’un café bizarre, du jus de babouche sans doute. Nous montons dans une Jeep. Le soleil n’est pas encore levé et il flotte comme une impression de fraicheur.

Cette impression se dissipe très vite avec le lever du jour et la chaleur devient infernale sous les capotes des véhicules militaires. Derrière une autre Jeep, nous prenons toute la poussière soulevée par les roues. Nous roulons ainsi pendant quatre heures dans un paysage brûlant et désertique. Paréguy, dans le véhicule de tête, fait arrêter le convoi et donne l’ordre de rester sur place. Il part en direction d’une dune. Le chauffeur me dit que nous sommes à moins de deux kilomètres de la frontière, donc nous sommes quasiment arrivés sur le lieu de rendez-vous. Une demi-heure se passe puis la Jeep de  Paréguy revient à toute allure, tourne devant nous alors qu’il fait signe au convoi de  suivre. Nous redémarrons, les véhicules grimpent et s’arrêtent peu avant le sommet de la dune. Nous descendons. Paréguy nous fait mettre en rang par deux. Deux soldats nous précèdent. Nous arrivons sur ce qui semblait être le sommet de la dune qui s’étend comme un long plateau en pente sur un peu moins de deux kilomètres de large. L’autre côté est donc plus haut que celui sur lequel nous nous trouvons. La chaleur fait vibrer l’atmosphère et j’ai du mal à discerner en face deux véhicules, style Jeep, sur le point haut de la dune. Nous sommes sur place et mon cœur se met à battre violemment ; je sais que je vais devoir entrer en scène. Paréguy fait le briefing :
(à suivre...)

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