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dimanche 10 janvier 2016

Chroniques de Serres et d’ailleurs. (17)



Pour commencer agréablement l’année, je parlerai d’un écrivain régional que j’aime depuis longtemps, Armand Chanuc. Il fut cinq fois lauréat du jasmin d’argent, auteur de poésies en occitan et en français et d’un charmant sketch intitulé : « Dus biels filosofos », deux vieux philosophes. J’avais eu la chance de le croiser en voisin dans son village de Bourg-de-Visa en 1965 peu avant son décès. J’espère que ses concitoyens auront à cœur faire rejouer cette pièce, par exemple sous la svelte halle qu’il a célébrée. C’est l’histoire du Mouskil et du Planquet qui se retrouvent à l’auberge en pleine chaleur, en plein calimas comme le dit l’aubergiste, la Margarido. Ils sont assoiffés et rusent tant et tant pour se faire servir à boire, de ce vieux vin du Pech de Moulinou. Ah, leur philosophie peut paraître simple mais elle est digne d’Epicure qui ne cherchait pas les richesses de ce monde mais seulement les plaisirs frugaux et simples. La pièce se termine sur la chanson du mouskil, le moustique, ziù, ziù, ziù…
Cette pièce est écrite en occitan et, dans le même livre, traduite en français par l’auteur. Je ne vous citerai rien en occitan qu’à l’époque mes voisins et amis nommaient patouès. A table, pour les repas des foins ou de la moisson, la langue première était le patouès, les plaisanteries perdant leur saveur à la traduction, un peu comme le chabrot perd sa saveur à être pratiqué dans les assiettes à bord plat. Pour l’avoir beaucoup entendu pratiquer, je ne le parle néanmoins pas et ne me risquerai pas à vous attrister par ma prononciation inappropriée.
Pour votre plaisir, je vous dirai un de ses poèmes, écrit et publié en français, extrait de son recueil « Haro sur le cafard », il s’appelle « La ballade des pétanqueurs » :
Sur la place de notre Bourg / Où la svelte halle se dresse, / Les pétanqueurs, en fin de jour, / Viennent exercer leur adresse. / Sitôt le cochonnet placé Ils le visent avec leur boule / Oui, doucement, sans se presser, Vers le but roule, roule, roule.
Des heures entières durant, / Grisés par leur jeu sans malice, / Ils joueront ainsi posément, / Vingt mètres leur servant de lice. / De temps en temps les promeneurs /Curieux s’avancent en foule, / Sans les remarquer, les joueurs / Toujours, toujours, lancent leur boule.
Qu’il fasse chaud, qu’il fasse froid / Qu’il pleuve ou gronde le tonnerre, / Il semble que rien ne pourra / Les arrêter ou les distraire. / Aïe ! qu’es aco ? L’air furibond / Une mégère s’aboule, / Et les joueurs, non sans raison, / Hâtivement rentrent leur boule.
Envoi.
De moi, Seigneur, ayez pitié, / Faites que l’ange du foyer, / Oubliant le temps qui s’écoule / Me laisse jouer à la boule.
Alors, je renouvelle mon appel aux: pensez à remettre à l’honneur le poète et félibre Armand Chanuc dans sa cité. Écoutez mon envoi :
Amies Visa-Bourgiennes / Et amis Visa-Bourgiens / Sous la halle jouez aux boules / Mais aussi, devant la foule / Avant que l’été revienne / Jouez Chanuc avec entrain.

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