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jeudi 21 janvier 2016

Le cabot de Fortunio (81)

Je lui raconte toute mon histoire depuis la course après mon magot jusqu’au ouiskard avec Willy. J’arrange un peu certaines choses à ma façon, je ne donne pas tous les noms mais je détaille suffisamment pour que René ait une bonne compréhension de mon affaire. Une fois que j’ai terminé, René pousse un long sifflement et dit :
-          Et voilà comment il se fait que vous ayez un chien ! Sacrée histoire, mon pote Fortunio. Et dire que j’apprends tout cela seulement maintenant !
-          Donc, La-Science, si j’ai raconté tout cela à un gonze comme toi, c’est pas pour rien. Tu veux toujours que je t’héberge ?
-          Je crois que je commence à voir ce qui se pointe à l’horizon. Tu cherches un complice ?
-          Général, mon vieux complice…
-          Oui, marquise…, dit René en éclatant d’un rire homérique. On dit banco, je vais pas te laisser tout seul sur un coup pareil. Mais d’abord, il faut que je te demande : pourrais-tu accueillir aussi mon conteneur ? Si je veux changer de slip, ça m’arrangerait. Et puis, avec un peu de bol, y’a le browning de Michel dans la caisse.
-          Tu crois ?
-          Y’a des chances, je l’avais mis dans une petite malle avec des vieux vêtements et des papiers. Tu sais que Magali ne fait pas les choses à moitié.
Nous téléphonons donc à la boîte de mise en dépôt afin de faire livrer le conteneur. C’est un conteneur de 10 mètres cubes, pas trop encombrant, on le fera déposer sous mon hangar, le camion pourra le porter dans l’après-midi. A la limite, si j’en ai marre de René, je l’envoie vivre dans son conteneur comme Diogène dans son tonneau. Je le lui dis et il prend cela mi-figue, mi-raisin. Il demande à examiner le flingue du Tonton. Ensuite nous partons faire un tour des chantiers avant de pousser jusqu’en ville pour un plat du jour. René m’avoue que cela fait deux jours qu’il vit dans sa deux-chevaux, il n’a pas voulu descendre dans un hôtel par radinerie. C’est pas qu’il soit fauché mais il a été un peu prodigue pendant son séjour sur la Riviera. Nous mettons au point un plan : premièrement, trouver un véhicule plus discret que le mien. Et plus performant que le sien. Deuxièmement, monter à Paris pour aller faire la bise à mes amis d’Arcueil. Et troisièmement, on fonce. Pas question de mettre le chien en pension, il fait partie de l’équipe en quelque sorte.
Nous revenons chez moi attendre l’arrivée du conteneur et, dès l’ouverture, on comprend que les choses n’ont pas été faites à moitié : tout est en vrac dans un fouillis inexprimable, même René est pris d’un fou-rire en voyant cela. Il réussit à mettre la main sur un certain nombre d’objets indispensables de la vie quotidienne puis, après une recherche géologique, il trouve la petite malle dont il avait parlé. Le flingue est toujours dedans, il le sort ainsi que deux boîtes de cartouches.
-          Nous voilà équipés, mon gars. Si j’ai bien compris, tu as un peu appris à t’en servir, de cet outil !
-          Oui mais j’irais bien faire un tour dans un endroit tranquille de ma connaissance, histoire de reprendre en main…
-          Si tu veux, c’est une bonne idée. Mais il ne faut pas gaspiller les munitions, c’est pas le genre de choses que tu vas trouver dans les grandes surfaces de bricolage.
-          Je sais mais tu vas me donner des conseils, il parait que je tiens mon flingue comme une poêle à frire. Au moins que j’aie l’air d’un vrai porte-flingue et pas d’un gâte-sauce.
-          Allez, on va faire de toi un tireur d’élite, je vais te faire le browning pour les nuls si tu veux. Il faut d’abord apprendre à l’avoir sur soi en toute discrétion pour ne pas attirer l’attention. Torse nu et en short ça le fait pas par exemple. Ensuite, on va aller là où tu dis, si ce n’est pas trop loin et on va se faire une séance d’entraînement.

-          Bien, avant cela je vais voir si je peux récupérer une voiture. Je vais passer un coup de grelot à François pour voir si la voiture d’Eliane est libre et dispo.
(à suivre...)

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