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dimanche 3 janvier 2016

Chroniques de Serres et d’ailleurs. (16)



« Le fond de l’air est frais ». Ainsi parlait Sara Toussetra, buraliste et marchande de journaux, en me tendant un journal titrant sur le succès franc et massif de la COP 21. « Nous sommes en hiver, chère Madame. » répondis-je avec à-propos et deux euro. « Je ne vous parle pas du temps qu’il fait ce matin mais de ces imbéciles qui veulent nous refroidir la planète », rétorqua-t-elle sans barguigner. « Disons que tout au plus ils veulent empêcher la hausse de la température du globe… » Tenté-je d’argumenter. « Ouais, il fera moins chaud que si faisait plus froid, ça j’vous l’garantis ! Je paie déjà deux mille euro de chauffage par an avec l’eau chaude, je vous dis pas quand y z’auront foutu leur bordel !» conclut-elle en me rendant quatre-vingt cents.
Ah, chère Sara, l’ambiance était chaleureuse en effet à cette COP 21 mais comprenons son inquiétude. Toutefois, pour la rassurer, elle et tous les frileux de la planète, rappelons que tous ces bons chefs d’états sont venus et repartis, non pas en vélo ou pedibus cum jambis, mais plutôt en avion et tous autres moyens appropriés pour des grands de ce monde, accompagnés de leurs ministres, chambellans, gardes du corps, épouses légitimes ou non. Ils furent nourris, non à l’auberge espagnole, mais suivant les appétits luxueux de dirigeants capitalo-bourgeois et logés, non à la belle étoile mais dans des hébergements dignes d’une écologie brillante et somptueuse. Doit-on vraiment craindre de la part de tels gens qu’ils nous refroidissent le climat ? Il parait que notre ministre des affaires étranges avait des larmes aux yeux et dans la voix en annonçant la fin de la réunion mais je crois savoir de source sûre que c’est parce qu’il venait de voir les notes de frais présentées par les grosses têtes de l’écologie mondiale.
Faut-il donc nous réjouir de tout cela ? Il y en a certes qui sont heureux de cet accord, ce sont les fabricants de matériels écologiques qui vont s’en donner à cœur joie. Pour le reste, on va nous pondre des normes, des obligations qui vont permettre à ces derniers de s’engraisser en vendant des matériels qui ne seront peut-être plus recyclables dans dix ans. On va nous obliger à construire des maisons dites écologiques, BBC et autres appellations de ce genre. On va nous obliger à transformer nos maisons en cubes à air conditionné et nous pousser à nous débarrasser de nos vieilles mais encore bonnes voitures. Alors que ce serait si simple, au départ, de proposer de mettre un pull de laine en plus l’hiver, de chauffer moins et de se déplacer à pied, à cheval ou en patins à roulettes. Ensuite, pour se chauffer, il y a moult rapports et documents officiels que l’on pourrait transformer avec profit en combustible, de nombreuses gueules de bois pourraient être réduites en granulés et on pourrait envoyer au charbon bon nombre de personnes qui ont du temps libre pendant leur emploi (suivez mon regard…). Sans compter que l’on pourrait s’équiper d’une pince à desserrer l’effet de serre. Ensuite, si on ne faisait travailler les fonctionnaires que pendant la belle saison, il se ferait aussi une économie substantielle de chauffage. On voit que les idées ne manquent pas pour améliorer fort simplement le climat.
Bien sûr, vous avez compris que si toutes ces propositions sont possibles, elles ne conviennent pas à nos officiels qui préfèrent toujours des mesures complexes autant qu’inélégantes. Il leur faut du lourd, du qui pèse sur les impôts, du qui rapporte, du durable le temps d’une législature. Du qui permet à certains élus de cracher sur les écologistes pour se faire bien voir des agro-industriels et des chasseurs qui se font passer pour les premiers défenseurs de l’environnement. Ultérieurement on verra, après nous le réchauffement, diront-ils !
On voit par-là que le réchauffement n’est qu’une question de degré de compréhension.

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