Auditrices et
auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Le premier mai est
dit être le jour de la fête du travail. Paradoxalement, beaucoup de gens ne
travaillent pas ce jour-là et fêtent donc le travail en ne faisant rien. Et les
salariés qui travaillent le premier mai sont censés être payés double. C’est ce
que l’on appelle avoir le labeur, l’argent du labeur et les épinards.
Nous sommes dans un pays, disait Jean Amadou, où une personne qui
cherche un emploi ne cherche pas pour autant du travail. Et, s’il est des gens
simples et frustes qui pensent que tout travail mérite salaire, il y a aussi
bien des gens bien plus instruits et avisés qui prouvent que tout salaire ne
mérite pas forcément travail. Suivez mon regard…
N’oublions pas que le mot travail a pour étymologie le mot latin
tripalium qui, à l’époque des romains, était un instrument de torture. On est bien
loin de la joie par le travail et de nos jours, si le travail n’est plus
considéré comme une torture c’est parce qu’une partie du genre humain s’est
mise à apprécier sa souffrance. En effet, quoi de plus gratifiant que de
pouvoir se faire plaindre : ceux qui se plaignent d’avoir trop de travail
sont bien souvent ceux qui en auront toujours trop mais qui jamais ne se
plaindront de toucher un trop gros salaire. Quant à ceux qui se plaignent de
n’en point avoir, ce n’est pas le travail qui leur manque mais seulement la
paie. On finit donc par comprendre que fêter le travail est une erreur stupide,
il vaudrait mieux fêter le repos et l’inactivité d’une part et fêter dignement
la paie d’autre part. Un jour de la fête de la paie serait particulièrement
bienvenu.
Par contre, ce jour pourrait fort opportunément être mis à profit pour faire
travailler un certain nombre de syndicalistes qui en sont exemptés le reste du
temps, ne serait-ce que pour qu’ils ne perdent pas la main. Bien sûr, il n’est pas
question de leur en demander trop car ils risqueraient de se faire mal et auraient
droit aussitôt à un arrêt de détente pour un accident de repos, ce qui les
mènerait au bord du burnout. Un comble !
Force est de reconnaitre que certains auront bien besoin de se reposer
ce premier mai, ce sont les ministres qui ont voulu réformer le code du
Travail : ils en auront provoqué des journées d’action consacrées à la
grève, des manifestations et des levées de boucliers… tout ça pour ça !
Et, pour finir dignement, une petite question sur le travail :
peut-on courir après avoir trimé ?
On pressent par-là que de furtives contrepèteries peuvent se glisser
dans les chroniques.
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