De notoriété publique, le mois de mai est riche en jours fériés. L’année
en cours nous permet de le vérifier. L’inamovible premier mai, fête du travail,
et son fidèle 8 mai, jour de la victoire figurent chaque fois à son palmarès
mais tombent cette année assez pernicieusement un dimanche. Toutefois, par la
grâce du comput –lui-même dépendant de l’Épacte, de la lettre dominicale, du
cycle solaire, du nombre d’or et de l’Indiction romaine – nous comptons cette
année l’Ascension et la Pentecôte en mai ! Au détriment du mois de juin
qui se voit privé de son unique possibilité de jour férié… Nous avons déjà vu
mars s’emparer du vendredi-saint (outre-Vosges) ainsi que du lundi de Pâques.
Mais force est de reconnaître que certains mois manquent cruellement de jours
fériés chômés. Février tire son épingle du jeu en étant plus court que les
autres mais septembre et octobre se refusent année après année à nous offrir
des jours de congé.
Janvier, avec son premier jour, répond toujours présent ; juillet,
avec ses fêtes nationales aussi ; novembre n’est pas en reste et décembre
fête avec régularité la naissance de Jésus de Nazareth. Quant à août, il a le
bon goût de posséder un jour férié pendant les vacances de bon nombre de
salariés. Je dis le bon goût car certains d’entre eux seraient bien en peine de
nous expliquer ce que signifie la fête du 15 août, assomption de la Vierge
Marie. Moi-même, pour tout dire…
Mais où irions-nous si chaque salarié qui bénéficie d’un jour chômé payé
devait en outre connaître la raison pour laquelle ce jour est non seulement
fêté, mais encore férié, chômé et payé (pour ceux qui le sont). Pour le premier
de l’an, pas dur : c’est le premier jour d’une année qui promet d’être
longue. Pour Pâques, pas de problème non plus puisqu’on le fête un lundi !
Et de même pour la Pentecôte…Quant au premier mai, nul n’ignore ce qu’est le
travail, d’aucuns pour en être des adeptes et d’autres pour le fuir avec
constance. Les fêtes nationales sont tout de même bien identifiées de tous mais
il faut reconnaître que ce sont ceux qui prônent avec le plus de vigueur les
valeurs républicaines qui les méconnaissent le mieux. Et si d’aucuns ignorent
qui était ce petit jésus qui naquit, paraît-il, un 25 décembre, tous savent qui
est le père Noël, ce financier qui fait vivre tant de commerçants.
Restent toutefois deux fêtes, le huit mai et le onze novembre dont moult
bénéficiaires ne savent pas si elles commémorent le début de la guerre ou la
fin de la paix ou réciproquement. C’est bien pour cela que la paix n’arrête pas
de se faire attendre et que la guerre n’en finit pas de durer. Commémorerait-on
la fin de la guerre de cent-ans ou le début de la guerre des boutons que ces
salariés insoucieux de leur devoir de mémoire s’en ficheraient comme d’une
guigne.
On voit par-là que la paix comme la guerre deviendront bientôt
obsolètes.
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