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jeudi 12 mai 2016

Le cabot de Fortunio (97)



Toulouse, on y arrive aux petites heures du matin, pas plus frais que cela. François achète une miche de pain et on débarque chez Tonton pour un breakfast toulousain. Il reste une dizaine de tranches de rosbif froid, de la moutarde, un frontonnais rugueux et une moitié de coulant baraqué chacun. De quoi restituer leurs facultés à deux bons gars qui en ont bien besoin. Puis je récupère ma petite geisha turbocompressée au garage et là c’est retour à Marmande pour midi. Personne au bercail mais je constate que, au cas où, René avait préparé une blanquette citronnée comme il faut. S’il espérait du reste pour ce soir, il va être déçu car toutes ces péripéties m’ont creusé. Une fois la gamelle vide et torchée, la boutanche de blanc sec de Duras épongée, je me pieute pour une sieste réparatrice.
Il est six heures quand je me réveille, on est vendredi donc pas de quoi s’épouvanter, le week-end est là. René arrive vers les sept heures et se marre en voyant la gamelle vide. Nous nous invitons mutuellement chez Emma à Lamothe et, devant une poule au pot farcie, René raconte qu’il joue à l’enquêteur privé, adjoint de Livron, chargé d’observer les faits et gestes de la maison Sameli. D’après lui, il semble que la volaille départementale acceptera de bouger en début de semaine et de faire une descente domiciliaire chez les susnommés. Bien sûr, mon La-Science est un peu gêné aux entournures de jouer le flic, lui qui serait plutôt du genre anar. Mais il se fait qu’ils auraient un petit projet avec Raymond, à savoir de créer une agence de renseignements, détectives privés quoi. René lancerait l’affaire et, si tout va bien, Raymond envisage même de démissionner de la maison poulaga. Ça me la coupe un peu et il me faut une bonne part de tourtière pour me remettre d’une telle émotion autant que pour attaquer ce que moi j’ai envie de raconter : le rêve d’Eliane.
-          Mon pote, conclut René après avoir entendu l’histoire, faut qu’y ait vraiment un sacré truc entre vous deux. Et je vais te dire : l’autre jour, c’est comme si tu étais en-dehors de la vie, ou en-dedans et en dehors, comme tu veux. Ton chien te sauve la vie, je te sers de voiture-balai et de ramasse-miettes. Puis, tu ne veux pas m’écouter et il te faut une voix d’outre-coma pour t’empêcher de faire une connerie, une vraie. Car même si tu flingues une crapule, une sous-merde, les chats-fourrés te mettent la patte dessus et tu passeras un siècle et demi à La Santé. Donc, il a fallu qu’on se mette à trois, la chienne pour t’empêcher de te faire flinguer, Eliane pour t’éviter la taule et moi pour te ramener l’artiche. En deux mots comme en quatre, t’as le cul bordé de nouilles de nous avoir !
-          Bon, alors, tonton La-Science, approche que je te fasse la bise, dis-je.
-          C’est bon, c’est bon, garde tes bises pour Eliane, elle en aura besoin.
-          D’accord. Ensuite, je veux faire quelque chose pour mon chien. On va aller voir Martine Grebier, histoire de lui faire prendre l’air…
-          A Martine Grebier ?
-          Meuh non, sot ! Martine, c’est l’ex-propriétaire du chien et même si elle s’en fout un peu, il faut qu’elle sache ce qu’elle est devenue. Alors, demain matin on va à Verneuil, ça va nous promener.
-          Oh et mon enquête, tu en fais quoi ? Demain matin de bonne heure…
-          Bon, bon, tu reviens avant midi et on y va en tout début d’aprème. Que je te présente la reine de la tartiflette !
-          Bien, si tu veux. Mais si je ne suis pas de retour à l’heure, surtout ne te gêne pas pour y aller sans moi.
(à suivre...)

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