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jeudi 19 mai 2016

Le cabot de Fortunio (98)



Le lendemain midi, René est de retour de son poste d’observation et nous partons pour Verneuil. Je n’ai pas téléphoné pour savoir si Martine est chez elle et je m’en fous car j’ai besoin de me balader. Non seulement Martine est sur place mais il y a aussi Eve Qdc en grande forme. Il y a bien un moment de flou lorsque je fais sortir Flèche de la voiture mais je rassure assez vite ces dames en leur disant que ce chien est maintenant à moi et je raconte – presque - toute la vérité sur l’histoire de notre rencontre dans le bois des Copiaudes. J’arrange bien sur l’histoire à ma sauce afin d’éviter les questions embarassantes. Nous sommes invités à prendre le café et, comme le temps le permet, nous nous installons au jardin. Martine nous raconte ses déboires avec son jardin : elle avait commandé un jardinier qui n’est jamais venu, puis un autre qui avait promis un devis depuis plus de six mois, puis un gars au black qui lui a foutu le bordel sans rien faire avancer. Et c’est là que mon ami René, spécialiste toutes spécialités et particulièrement en espaces verts, lui propose ses services. Il a un petit chantier à finir et il est prêt à intervenir en milieu de semaine prochaine. Là, je dirais que je le sens bien, mon La-Science. Il a flairé la bonne occase et je ne sais pas si j’ai bien fait d’insister pour qu’il m’accompagne. Bon, c’est sa vie à lui.
Le lendemain, René est encore du côté de chez Sameli. Il revient en début d’après-midi et nous avons la visite de Livron. Cette fois, ils vont lancer une opération avec plusieurs brigades. L’idéal serait de pouvoir intervenir quand le camion vient chercher les chiens et le téléphone fixe de Sameli a été mis sur écoute. Mais, nous dit Livron, il ne faut pas non plus attendre indéfiniment. Donc l’intervention serait pour mardi ou mercredi.
*
Lundi matin, je donne la priorité à mes chantiers et c’est le soir que les nouvelles arrivent. D’abord Livron qui a eu des infos de la DCRI.
-          Le frangin m’a appelé, il paraît que l’affaire a failli leur péter dans la gueule. Les gondolais ont envoyé des gars de chez eux, soi-disant pour surveiller. Tu parles, quand le chef du gang a débarqué à Paris, ils n’ont fait ni une ni deux et ils ont lancé une attaque sur la maison, du côté d’Arcueil, un vrai Fort Alamo en réduction. Résultat des courses : une fusillade sanglante, deux morts chez les kidnappeurs, un blessé grave chez les agents du Gondo. Et le chef du gang en fuite. Les blacks n’en menaient pas large, ils ont été exfiltrés vite fait par leur ambassade. Mais la meilleure c’est que le chef, un nommé Edkès ex-rappeur de son état, a été retrouvé à plus de trente kilomètres de là dans une bagnole accidentée à une sortie d’autoroute. Le mec est toujours dans le coma, évidemment sous bonne garde à l’hôpital. Mais le plus fort, c’est que le fric, la rançon, a disparu. Il était censé l’avoir avec lui. La maison d’Arcueil a été fouillée de fond en comble, ils ont trouvé un arsenal impressionnant mais pas le fric. Remarque, comme me l’a dit mon frangin, c’est un peu le cadet de leurs soucis à la DCRI. Ce qui les intéresse, c’est d’étouffer cette affaire, de ne rien laisser transpirer. Tu parles, un rappeur, les bienpensants pourraient crier au racisme, à l’affaire d’état. Note, s’ils l’avaient flingué comme les autres, ils auraient transformé le rappeur en gruyère, râpe à gruyère, gruyère rapé… ahahah !
-          Bravo Raymond, voilà une belle astuce de gendarme…
-          Ouais, enfin passons. Donc au total le chef dans le coma, pronostic hyper réservé ; deux acolytes envoyés ad patres. La rançon dans la nature. Mais ce n’est pas tout. L’avocat qui avait contacté CL pour la rançon a été retrouvé flingué dans son appartement à Paris. Ça s’est passé en plein après-midi, la secrétaire s’était absentée pour aller à la poste et elle l’a trouvé au retour. Ça ne peut donc pas être Edkès ou ses complices mais il reste deux gonzes dans cette affaire : celui qui a contacté l’avocat et le cinquième homme de la bande qui était au Gondo. Je dis le cinquième puisqu’il en est resté un dans le désert. Le gus qui a contacté l’avocat est le principal suspect puisque l’avocat l’a sans doute rencontré et connait donc son visage. L’autre gus, ils ne savent pas de qui il s’agit. Voilà, je crois avoir dit tout ce que le frangin m’a raconté. Evidemment, sous le sceau du secret…
-          Je comprends. Et ils ont des pistes ?
-          Ah oui, c’est vrai. Le gars qui a tué l’avocat aurait été filmé par une caméra de surveillance. Et ils sont en train de passer l’appartement et le bureau au peigne fin, histoire de trouver des empreintes ou de l’ADN. Je te tiendrai au courant. De toute façon, la maison d’Arcueil est encore sous surveillance au cas où un des deux se pointe. De même que les portables.
(à suivre...)

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