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jeudi 1 septembre 2016

René-la-Science (13)




— La-science, tu m’emmerdes. Tu vois bien que c’est toi qui interromps toujours…
— Parce que ce n’est pas fini ? Alors excuse-moi, je te laisse continuer.
— Donc, le mec, je lui passe ses vêtements et je joue à l’infirmière. Heureusement que j’avais une bouteille d’eau. Le gazier avait prévu le souper aux chandelles : picrate en cubi, pain et sauciflard. A défaut de sa Juliette, le Roméo m’a payé le casse-croûte à moi.
— Tu bouffes à tous les râteliers, mon cochon, tu n’avais pas assez mangé chez moi ?
— Ah mais pardon, les émotions ça creuse, mon pote.
En fait, j’ai surtout picolé avec lui, Le gonze est amoureux fou de cette greluche. Mais tu as compris qu’elle est mariée. Avec un méchant jaloux. Alors, il a voulu que j’aille la voir ce matin pour lui dire qu’elle doit quitter son mari.
— Et tu as accepté ?
— Ben, oui. Le gros rouge aidant, je suppose, j’ai fini par accepter.
— Et c’est qui, ces amants du bois du Blédard ?
— L’honneur d’une dame est en jeu, je ne te dirai pas son nom. Lui, c’est un prénommé Michel.
— Tu ne sais même pas son nom de famille ?
— Ben non, tu as raison, j’aurais pu le lui demander…
Attends, maintenant je me rappelle, c’est un nom comme Hubert, Haubert…
— Il a quoi comme caisse ?
— Une vieille R5 sombre.
— Et il se prénomme Michel. Je crois que je vois qui c’est, avec une vieille R5. Je le vois passer de temps en temps. Il n’est pas du Blédard à mon avis.
— Je ne crois pas non plus. Enfin, je suis allé voir la dame en question et je lui ai transmis les oukases de monsieur Michel.
— Parce que ce sont des oukases ?
— Il m’a dit de dire que c’était à prendre ou à laisser. Quand j’ai dit cela à la gonz…, pardon la dame, elle a éclaté de rire !
— Tu lui as dit que c’était à prendre ou à lécher ?
— Facile celle-là. La dame, elle veut bien s’envoyer en l’air une fois de temps en temps, mais elle reste avec son mari. Le Michel, elle le traite de traîne-patins. Son mari, lui, a du fric et elle ne va pas le quitter. Plus sérieusement, disons aussi qu’elle a deux gamines. Donc, le Michel vient me voir ce soir là-bas pour que je lui fasse un compte-rendu.
— S’il doit revenir avec le casse-croûte, fais-nous faire des économies de cèpes ce soir.
— Je reconnais bien là ton esprit délicat. Et que fais-tu du plaisir de déguster ensemble ces champignons ?
— Tu as bien raison. Je voudrais bien être là cette nuit pour voir sa tête, mais tu me raconteras la suite demain matin. Enfin, je suppose que tu m’as tout raconté.
— Oui, oui, promis, je te raconterai la suite. Promets moi de ton côté de rester discret.
— Tu es incroyable. Tu n’en as rien à foutre, t’es pas en cause dans cette histoire et tu prends des précautions de pucelle effarouchée. Mais je resterai discret, promis.
René continua de me faire faire le tour du propriétaire et nous rentrâmes dans la maison. Un parfum de cuisson de cèpes nous baigna les narines.
                                                                                                                                                (à suivre...)

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