Auditrices et auditeurs qui m’écoutez,
bonjour. Contrairement à une idée reçue, l’été est une période riche en
évènements mais ils sont, pour bon nombre, éclipsés par certaines informations
récurrentes telles celles concernant le tournoi de Wimbledon, le Tour de
France, la Météo avec sa Canicule, les vieux qui se dessèchent, les jeunes qui
se noient, les orages de grêle et les encombrements routiers divers.
Parmi ces informations importantes, il en
est une qui a échappé à tous nos commentateurs et qui, par conséquent ne vous
est certainement pas parvenue, c’est l’évolution à la hausse du Patrimoine
Mondial de l’Humanité. Et en particulier du Patrimoine Culturel Immatériel de
l’Humanité qui se définit ainsi selon la Convention pour la
sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée le 17 octobre 2003 « On
entend par patrimoine culturel immatériel les pratiques, représentations,
expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que les
instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés –
que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus
reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine
culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en
permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur
interaction avec la nature
et de leur histoire,
et leur procure un sentiment d’identité et de continuité,
contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité
humaine. »
Notre pays
s’enorgueillissait déjà de moult items intéressants dans cette taxonomie
officielle, par exemple le repas
gastronomique des français, le fest-noz et le gwoka. Sans oublier la
fauconnerie, la vraie étant encore sur liste d’attente. Mais cet été, sans
crier gare, l’aréopage international en charge de l’inscription de ce
patrimoine a encore enrichi notre liste nationale d’un élément incontournable
de notre culture, élément qui est autant une tradition qu’une pratique sociale
ainsi qu’un savoir-faire de qualité. Il s’agit, en un mot, du chauvinisme,
cette pratique bien de chez nous et qui, si elle s’épanouit pleinement dans le
sport, fait aussi florès dans bien d’autres domaines tels que la musique, le
spectacle, la conduite automobile et la courtoisie innée de nos concitoyens. Bien
sûr, il ne faut pas confondre le chauvinisme avec l’intégrisme, le nationalisme
ou la xénophobie. Non, il s’agit bien de notre chauvinisme de bon aloi qui se
nourrit de télévision et s’abreuve de boissons anisées, ce chauvinisme que nous
pratiquons avec grâce et légèreté et qui n’a rien à voir avec le nationalisme
rigoriste des germains ou avec l’insularisme étroit des britanniques pas plus
qu’avec les autonomismes velléitaires des régionalistes et particularistes de
tous poils.
Notre chauvinisme élégant
méritait bien cette reconnaissance car il est en grand péril de disparaître si
l’Europe, dans tous ses atours, devait nous imposer un patriotisme mosaïcal et
obligatoire, pasteurisé et mondialisé. Car qui sait de quoi sont capables les
démiurges du Berlaymont, capitale des apprenti-sorciers de notre continent. Ainsi,
une fois protégé et sanctuarisé, notre chauvinisme pourra vivre sans crainte,
loin des européismes, des isolationnismes, des séparatismes et des
ségrégationnismes vulgaires que nous laissons volontiers à nos voisins autant
qu’aux habitants des contrées lointaines.
On voit par-là qu’il faut
sauver le soldat Chauvin.
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