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jeudi 7 septembre 2017

René-la-Science (66)



— Maintenant, il faut qu’on discute sérieusement, on a une vraie bombe dans ce fourgon, me dit-il.
— Oui, il y a deux décisions à prendre : la première, c’est de dire où on va planquer tout cet or. La deuxième, c’est de décider ce qu’on en fait après. Car possession vaut titre mon cher, mais tout de même…
— Attends, la première décision, comme tu l’as bien dit, c’est de trouver à planquer les trois cantines. Soit tu les laisses dans ton fourgon et tu te trimballes avec, soit on trouve une planque. Ou trois planques, pourquoi pas…
— Chez toi, il y a une possibilité ?
— Pas facile de faire discrètement, il y a Colette, la voisine… Et pas question de mettre Colette au courant, cela l’affolerait.
— Bien sûr. Tu crois qu’on pourrait trouver une planque ici, dans la ferme ?
— Si c’est très temporaire, on peut essayer, mais on est chez Valin. D’une part il est chez lui et d’autre part, on lui fait endosser une responsabilité.
— Il ne reste qu’une solution : le bois de Montieu. C’est bête, on en vient. Tant Pis… On fait un trou à la mini pelle, dans un endroit planqué, et on y met les trois cantines.
— Retour à la case départ, en quelque sorte ! Mais c’est sûrement la seule solution, me répond René. Mais avant d’aller là-bas, je trouverais intéressant d’ouvrir au moins une des trois cantines.
— Bordel, mais tu as raison, on a même pas regardé notre or.
Et nous passâmes à l’arrière du fourgon où nous dégageâmes une des trois cantines. Elles étaient chacune fermées par deux solides cadenas. Mais je disposais d’un fort coupe-boulons qui me servait habituellement à couper les fers à bétons.
— J’attrape le rase-nœud, donne-moi un coup de main, dis-je à René.
Nous plaçâmes la boucle du premier cadenas entre les deux mâchoires de la cisaille et je serrai tant que je pus, mais c’était du bon acier cémenté et il ne lâcha pas. Il fallut  que nous nous y mettions à deux et le cadenas lâcha enfin.
— -Si ça continue comme cela, il me faudra une cisaille par cadenas, dis-je.
— Avec ce qu’il y a dans la cantine, tu peux te le permettre, objecta René.
— Tu as sans doute raison, allons essayons l’autre cadenas.
Tout aussi solide, l’autre cadenas finit lui aussi par céder. Nous étions assez émus. Je soulevai le couvercle. Il y avait des rouleaux enveloppés dans du papier, j’en sortis un, que je soupesai.
— Rien que ce petit rouleau doit peser plus d’un kilo, dis-je.
— Défais-le, pour voir, me dit René.
J’ouvris le rouleau et nous vîmes apparaître une rangée de pièces d’or, René en prit un autre et regarda le contenu :
— Ce sont des Napoléons, des vingt franc-or !
— La fortune, quoi, la grosse galette, mon pote La Science !
Il remit la pièce dans le rouleau et je refermai l’emballage. Nous ouvrîmes un autre rouleau et c’était toujours pareil, des Napoléons.
— Je suggérerais que tu gardes quelques rouleaux planqués dans ton fourgon, on ne sait jamais.
— Une sorte de retenue de garantie ?
— Oui, si tu veux, je ne sais pas, histoire de voir qu’on n’a pas rêvé…
(à suivre...)

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