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dimanche 24 septembre 2017

Chronique de Serres et d’ailleurs III (2)



Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. La rentrée va être dure pour un certain nombre de salariés qui ont perdu leur emploi. Je veux parler des trois quarts des quelques 2000 collaborateurs des députés qui se sont retrouvés licenciés après le second tour des élections législatives. Toutefois, il existe une association française des collaborateurs parlementaires dont le président s’est exprimé en ces termes : « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, c’est un plan social massif ». En effet, il était d’usage, lorsqu’un député perdait son siège, de procéder à un licenciement pour motif personnel. Celui-ci ne donne pas les mêmes droits qu’un licenciement économique mais l’employeur-député n’étant pas une entreprise, il ne peut pas procéder à un licenciement économique. Néanmoins, on aurait pu croire que certains avaient fait de leur siège de député une petite entreprise mais gageons que la future moralisation de la vie publique permettra de rentabiliser au mieux ces boutiques à prébendes.
Ce président d’association de collaborateurs ne fait pas dans le détail en ajoutant : « En 2012, j’avais été saisi par l’image de collègues déambulant dans les couloirs de l’Assemblée, leur CV à la main, à la recherche d’un député. C’est dramatique ». Et de rajouter : « Je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières, car on sait que c’est la règle du jeu. Mais mes collègues sont dans un état psychologique déplorable. »
Il faut dire qu’il n’est pas certain que, dans les chaumières de France, la première préoccupation soit le sort des collaborateurs de députés d’autant plus que, par le passé déjà, nombre d’entre eux se sont fait pistonner par leur ex-employeur, encore toujours maire ou président de communautés de communes, pour aller cumuler quelques fauteuils rémunérés dans des syndicats intercommunaux et autres bénéfices locaux ou pantoufler dans quelque entreprise accueillante. Rappelons qu’un artisan qui bouffe la grenouille, qu’un commerçant qui fond les plombs ou qu’un paysan en débâcle n’a droit à aucune indemnité et au contraire, bien souvent, se retrouve avec des dettes à perte de vue.
En outre, on a suffisamment parlé de ces assistants parlementaires devenus des assistés et dont monsieur Fillon a si justement dit en 2012 « Il y a injustice sociale entre ceux qui travaillent dur pour peu et ceux qui ne travaillent pas et reçoivent de l’argent public ». Bien sûr, il ne visait pas sa fidèle Pénélope qui, comme l’épouse d’Ulysse à Ithaque, s’occupait à faire tapisserie le jour et détricotage la nuit, courtisée par plus de galants que n’en compterait le seul parti Les Républicains. Sans doute ne visait-il pas non plus ces assistants fantômes qui ont fini par couter si cher à certains ministrables devenus sinistrables, ces attachés parlementaires si détachés mais si attachants, ces aidants familiaux si familiers avec l’ouverture du courrier et officiant dans le remplissage des gobelets dans les raouts officiels.
Il y a certainement bien d’autres raison de pleurer dans les chaumières mais ce président-collaborateur-assistant-attaché a trouvé une bonne occasion de faire rire dans les villes comme dans les campagnes, un rire jaune bien entendu.

On voit par-là qu’il n’est pas indispensable d’être élu pour se rendre ridicule.

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