Auditrices et auditeurs qui m’écoutez,
bonjour. La rentrée va être dure pour un certain nombre de salariés qui ont
perdu leur emploi. Je veux parler des trois quarts des quelques 2000
collaborateurs des députés qui se sont retrouvés licenciés après le second tour
des élections législatives. Toutefois, il existe une association française des
collaborateurs parlementaires dont le président s’est exprimé en ces
termes : « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, c’est un plan
social massif ». En effet, il était d’usage, lorsqu’un député perdait son siège,
de procéder à un licenciement pour motif personnel. Celui-ci ne donne pas les
mêmes droits qu’un licenciement économique mais l’employeur-député n’étant pas
une entreprise, il ne peut pas procéder à un licenciement économique. Néanmoins,
on aurait pu croire que certains avaient fait de leur siège de député une
petite entreprise mais gageons que la future moralisation de la vie publique
permettra de rentabiliser au mieux ces boutiques à prébendes.
Ce président d’association de collaborateurs
ne fait pas dans le détail en ajoutant : « En 2012, j’avais été saisi
par l’image de collègues déambulant dans les couloirs de l’Assemblée, leur CV à
la main, à la recherche d’un député. C’est dramatique ». Et de
rajouter : « Je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières, car on
sait que c’est la règle du jeu. Mais mes collègues sont dans un état
psychologique déplorable. »
Il faut dire qu’il n’est pas certain que,
dans les chaumières de France, la première préoccupation soit le sort des
collaborateurs de députés d’autant plus que, par le passé déjà, nombre d’entre
eux se sont fait pistonner par leur ex-employeur, encore toujours maire ou
président de communautés de communes, pour aller cumuler quelques fauteuils
rémunérés dans des syndicats intercommunaux et autres bénéfices locaux ou
pantoufler dans quelque entreprise accueillante. Rappelons qu’un artisan qui
bouffe la grenouille, qu’un commerçant qui fond les plombs ou qu’un paysan en
débâcle n’a droit à aucune indemnité et au contraire, bien souvent, se retrouve
avec des dettes à perte de vue.
En outre, on a suffisamment parlé de ces
assistants parlementaires devenus des assistés et dont monsieur Fillon a si
justement dit en 2012 « Il y a injustice sociale entre ceux qui
travaillent dur pour peu et ceux qui ne travaillent pas et reçoivent de
l’argent public ». Bien sûr, il ne visait pas sa fidèle Pénélope qui,
comme l’épouse d’Ulysse à Ithaque, s’occupait à faire tapisserie le jour et
détricotage la nuit, courtisée par plus de galants que n’en compterait le seul
parti Les Républicains. Sans doute ne visait-il pas non plus ces assistants
fantômes qui ont fini par couter si cher à certains ministrables devenus
sinistrables, ces attachés parlementaires si détachés mais si attachants, ces
aidants familiaux si familiers avec l’ouverture du courrier et officiant dans
le remplissage des gobelets dans les raouts officiels.
Il y a certainement bien d’autres raison de
pleurer dans les chaumières mais ce président-collaborateur-assistant-attaché a
trouvé une bonne occasion de faire rire dans les villes comme dans les
campagnes, un rire jaune bien entendu.
On voit par-là qu’il n’est pas indispensable
d’être élu pour se rendre ridicule.
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