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dimanche 14 janvier 2018

Chronique de Serres et d’ailleurs III (17) 100ème Chronique "CoolDirect"



Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. J’ai déjà eu l’occasion de vous parler de certains écrivains locaux, pour la plupart des écrivains ou poètes peu connus mais valant le détour. Aujourd’hui, je me permettrai de parler d’un poète célèbre en Gascogne, Jacques Boé dit Jasmin ou Jansemin, bien connu dans sa ville d’Agen où il a sa statue et sa place. Mais les parisiens savent-ils que la station de métro Jasmin, du nom de la rue éponyme, est ainsi nommée en hommage au poète agenais ?
Je ne parlerai pas directement de l’œuvre de Jasmin mais du livre d’Emmanuel Le Roy Ladurie « La sorcière de Jasmin » dans lequel le long poème, en quatre «paousos » ou pauses, intitulé « Françouneto » est reproduit en fac-similé de l’édition originale bilingue de 1842.
Je ne commenterai pas le texte occitan car, ne le parlant pas, je ne veux pas vous abuser mais je vous dirai tout le plaisir que j’ai eu à le lire dans la version française qui est établie par Jasmin lui-même. C’est une épopée paysanne qu’il nous raconte, écrite d’après une histoire qui avait eu lieu au 17ème siècle. Françonnette vivait à Roquefort près d’Agen avec sa grand-mère et était la jolie des jolies –la Poulido de las Poulidos - de la localité, promise à Marcel, un soldat, mais amoureuse de Pascal le forgeron. Elle est fille d’un huguenot dans un contexte catholique, dans une région où Blaise de Monluc avait généreusement fait couler le sang des hygounaous. D’étrange manière, il se passe autour de Françonnette des évènements qui vont faire sourdre la rumeur qu’elle est une sorcière. Ce n’est pas qu’une rumeur car, en réalité, c’est le sorcier du Bos negre qui en fait la déclaration, troublant ainsi la Fête des amoureux. Et ce soupçon de sorcellerie la suivra si bien qu’elle-même cherchera à l’exorciser en se rendant au pèlerinage de Bon-Encontre. Mal lui en prit, un orage d’une violence terrible détruira les récoltes, ce mal sera attribué à Françonnette une fois de plus, les paysans et bordiers de la localité se rassembleront pour mettre le feu à sa maison, brûlant ainsi la sorcière et sa grand-mère. Il faudra l’intervention de Pascal et Marcel pour arrêter les incendiaires. Pascal veut rejoindre Françonnette mais sa mère à lui, Pascal, se jette à ses pieds, le conjurant de ne point rejoindre une sorcière dont l’amour le ferait périr. C’est le moment où Marcel le soldat, n’en pouvant plus, avoue sa félonie : c’est lui qui, pensant qu’en amour comme en guerre une ruse était permise, avait payé le Sorcier pour effrayer ses rivaux. Pascal peut maintenant épouser Françonnette mais telle était la crainte du Diable à l’époque que tout le voisinage craignait de ne pas le voir survivre à sa nuit de noces. Et le lendemain matin :
La peur fait place aux repentirs honteux ;
Le bonheur de Pascal maintenant fait des jaloux.
Et les pauvres garçons dont l’âme est mal guérie,
De leurs premières amitiés :
En voyant Françonnette, là, rose épanouie,
Qui est si heureuse ! si jolie !
Disent : « oh ! Jamais plus nous ne croirons aux sorciers ! »
Pour la soi-disant sorcière, tout est bien qui finit bien, merci Jasmin.

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