Auditrices et auditeurs
qui m’écoutez, bonjour. J’ai déjà eu l’occasion de vous parler de certains
écrivains locaux, pour la plupart des écrivains ou poètes peu connus mais
valant le détour. Aujourd’hui, je me permettrai de parler d’un poète célèbre en
Gascogne, Jacques Boé dit Jasmin ou Jansemin, bien connu dans sa ville d’Agen
où il a sa statue et sa place. Mais les parisiens savent-ils que la station de
métro Jasmin, du nom de la rue éponyme, est ainsi nommée en hommage au poète
agenais ?
Je ne parlerai pas
directement de l’œuvre de Jasmin mais du livre d’Emmanuel Le Roy Ladurie
« La sorcière de Jasmin » dans lequel le long poème, en quatre «paousos » ou pauses, intitulé
« Françouneto » est reproduit en fac-similé de l’édition originale
bilingue de 1842.
Je ne commenterai pas le
texte occitan car, ne le parlant pas, je ne veux pas vous abuser mais je vous
dirai tout le plaisir que j’ai eu à le lire dans la version française qui est
établie par Jasmin lui-même. C’est une épopée paysanne qu’il nous raconte,
écrite d’après une histoire qui avait eu lieu au 17ème siècle.
Françonnette vivait à Roquefort près d’Agen avec sa grand-mère et était la
jolie des jolies –la Poulido de las
Poulidos - de la localité, promise à Marcel, un soldat, mais amoureuse de
Pascal le forgeron. Elle est fille d’un huguenot dans un contexte catholique,
dans une région où Blaise de Monluc avait généreusement fait couler le sang des
hygounaous. D’étrange manière, il se
passe autour de Françonnette des évènements qui vont faire sourdre la rumeur qu’elle
est une sorcière. Ce n’est pas qu’une rumeur car, en réalité, c’est le sorcier
du Bos negre qui en fait la déclaration, troublant ainsi la Fête des amoureux.
Et ce soupçon de sorcellerie la suivra si bien qu’elle-même cherchera à
l’exorciser en se rendant au pèlerinage de Bon-Encontre. Mal lui en prit, un
orage d’une violence terrible détruira les récoltes, ce mal sera attribué à
Françonnette une fois de plus, les paysans et bordiers de la localité se
rassembleront pour mettre le feu à sa maison, brûlant ainsi la sorcière et sa
grand-mère. Il faudra l’intervention de Pascal et Marcel pour arrêter les
incendiaires. Pascal veut rejoindre Françonnette mais sa mère à lui, Pascal, se
jette à ses pieds, le conjurant de ne point rejoindre une sorcière dont l’amour
le ferait périr. C’est le moment où Marcel le soldat, n’en pouvant plus, avoue
sa félonie : c’est lui qui, pensant qu’en amour comme en guerre une ruse
était permise, avait payé le Sorcier pour effrayer ses rivaux. Pascal peut
maintenant épouser Françonnette mais telle était la crainte du Diable à
l’époque que tout le voisinage craignait de ne pas le voir survivre à sa nuit
de noces. Et le lendemain matin :
La
peur fait place aux repentirs honteux ;
Le
bonheur de Pascal maintenant fait des jaloux.
Et
les pauvres garçons dont l’âme est mal guérie,
De
leurs premières amitiés :
En
voyant Françonnette, là, rose épanouie,
Qui
est si heureuse ! si jolie !
Disent :
« oh ! Jamais plus nous ne croirons aux sorciers ! »
Pour la soi-disant sorcière, tout est bien qui finit
bien, merci Jasmin.
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