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jeudi 25 janvier 2018

René-la-Science (86)



VII. Mousquetaires contre pieds nickelés
Bien des semaines passèrent, la sortie de Michel avait été reportée et Hoblette nous fit un peu lanterner. Mais un soir, René m’appela. La transaction pouvait se faire, il suffisait de fixer un jour. René me proposa un mercredi matin et nous arrêtâmes ce jour-là. Il rappellerait Hoblette puis me confirmerait. Après avoir raccroché, j’appelai Magali pour savoir si je pouvais encore utiliser la maison de Michel comme point de chute. Cela ne posa pas de problème. Magali passait son permis dans deux jours et je lui dis que je croisais les doigts pour elle.
Les choses avancent, me dis-je une fois de plus.
La veille du jour J, René me confirma le rendez-vous pour le mercredi matin très tôt : Hoblette viendra à quatre heures. René avait choisi le mercredi car Colette était en déplacement à Paris pour quelques jours. Je fis la route dans l’après-midi et nous nous retrouvâmes en fin de journée avec René qui vint me chercher. Je passerai la nuit au Blédard chez René, mais il estime qu’il vaut mieux que mon fourgon reste devant chez Michel. En effet, René avait eu l’impression que la maison et le bois de Montieu faisaient l’objet d’une certaine surveillance. Toujours la voiture bleue entre autres. Il valait donc mieux qu’on ait l’impression que je passais la nuit chez Michel, René me ramènera le lendemain après la transaction.
Nous allâmes jusqu’au bois de Montieu et nous passâmes la grille en voiture. Je descendis de la voiture pour nourrir les moutons pendant que René s’avançait jusqu’à l’entrée du tunnel. Les cantines étaient toujours bien en place et nous les mîmes dans la voiture de René. Nous repartîmes et, une fois arrivés au Blédard, René rentra sa voiture dans la grange, puis ferma les portes, en sorte que nous puissions prendre les cantines et les poser dans la maison sans être vus du dehors. Nous posâmes les cantines dans une pièce aux volets fermés, le contenu, une fois vérifié, était toujours le même. René repartit dans la grange et ressortit sa voiture, qu’il gara comme d’habitude, devant la maison. Puis il revint dans la cuisine.
— Mon cher Fortunio, nous allons maintenant nous en boire un petit « seco » si tu veux bien, me déclara-t-il.
— Je n’en attendais pas moins de toi, mon René, je prépare de la glace pilée ?
— Oui, et fissa, j’amène la boutanche.
Deux anis après, nous nous mîmes à table pour dévorer entre autres une splendide bavette à l’échalote, un morceau de viande que j’avais acheté, en partant de chez moi, chez mon boucher. En dessert, René avait préparé un apple-pie à sa façon, excellent :
— Tout chaud, tout fumant, sortant du cul du marchand, tu n’en trouveras de meilleur à la table de l’empereur ! Dit-il en portant le plat couvert d’une croûte dorée.
— Oh oh ! Dis-je, le cul du marchand était à au moins 180 degrés ?
— Méfie-toi du marchand quand il se tourne à 180 degrés, tu pourrais te faire pointer à l’équerre, mon pote.
— Là, tu m’inquiètes, quand je pense que je vais passer la nuit ici ! Le canapé est libre j’espère ?
(à suivre...)

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