VII. Mousquetaires contre
pieds nickelés
Bien des semaines
passèrent, la sortie de Michel avait été reportée et Hoblette nous fit un peu
lanterner. Mais un soir, René m’appela. La transaction pouvait se faire, il suffisait
de fixer un jour. René me proposa un mercredi matin et nous arrêtâmes ce
jour-là. Il rappellerait Hoblette puis me confirmerait. Après avoir raccroché,
j’appelai Magali pour savoir si je pouvais encore utiliser la maison de Michel
comme point de chute. Cela ne posa pas de problème. Magali passait son permis
dans deux jours et je lui dis que je croisais les doigts pour elle.
Les choses avancent, me
dis-je une fois de plus.
La veille du jour J,
René me confirma le rendez-vous pour le mercredi matin très tôt : Hoblette
viendra à quatre heures. René avait choisi le mercredi car Colette était en déplacement
à Paris pour quelques jours. Je fis la route dans l’après-midi et nous nous
retrouvâmes en fin de journée avec René qui vint me chercher. Je passerai la
nuit au Blédard chez René, mais il estime qu’il vaut mieux que mon fourgon
reste devant chez Michel. En effet, René avait eu l’impression que la maison et
le bois de Montieu faisaient l’objet d’une certaine surveillance. Toujours la voiture
bleue entre autres. Il valait donc mieux qu’on ait l’impression que je passais
la nuit chez Michel, René me ramènera le lendemain après la transaction.
Nous allâmes jusqu’au
bois de Montieu et nous passâmes la grille en voiture. Je descendis de la
voiture pour nourrir les moutons pendant que René s’avançait jusqu’à l’entrée
du tunnel. Les cantines étaient toujours bien en place et nous les mîmes dans la
voiture de René. Nous repartîmes et, une fois arrivés au Blédard, René rentra
sa voiture dans la grange, puis ferma les portes, en sorte que nous puissions
prendre les cantines et les poser dans la maison sans être vus du dehors. Nous
posâmes les cantines dans une pièce aux volets fermés, le contenu, une fois
vérifié, était toujours le même. René repartit dans la grange et ressortit sa
voiture, qu’il gara comme d’habitude, devant la maison. Puis il revint dans la
cuisine.
— Mon cher Fortunio, nous
allons maintenant nous en boire un petit « seco » si tu veux bien, me
déclara-t-il.
— Je n’en attendais pas
moins de toi, mon René, je prépare de la glace pilée ?
— Oui, et fissa, j’amène
la boutanche.
Deux anis après, nous
nous mîmes à table pour dévorer entre autres une splendide bavette à
l’échalote, un morceau de viande que j’avais acheté, en partant de chez moi,
chez mon boucher. En dessert, René avait préparé un apple-pie à sa façon,
excellent :
— Tout chaud, tout
fumant, sortant du cul du marchand, tu n’en trouveras de meilleur à la table de
l’empereur ! Dit-il en portant le plat couvert d’une croûte dorée.
— Oh oh ! Dis-je, le cul
du marchand était à au moins 180 degrés ?
— Méfie-toi du marchand
quand il se tourne à 180 degrés, tu pourrais te faire pointer à l’équerre, mon
pote.
— Là, tu m’inquiètes,
quand je pense que je vais passer la nuit ici ! Le canapé est libre j’espère ?
(à suivre...)
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