— René, dans cette
affaire, il faut que chacun y trouve son compte. C’est ce que la psychologie de
bazar appelle le gagnant/gagnant. Monsieur Hoblette ne travaille pas pour des
prunes et c’est normal. Je préfère quelqu’un qui affiche clairement ses
intentions, cela me donne confiance. Et puis, moi, s’il y a une embrouille, je
saurai toujours le retrouver et les lui arracher au pied de biche, ses choses
en or.
— Vous me menacez ?
Demanda le conseiller financier.
— C’est pas des menaces,
c’est des promesses, monsieur Hoblette. Mais ne le prenez pas mal. Moi, j’ai l’impression
que je peux vous faire confiance. On est d’accord, douze en dessous de trente
et dix au-dessus. Chacun sa partie comme vous dites, vous faites votre boulot, vous
y gagnez, c’est normal.
Là, j’avais joué un peu
les lourdingues, mais j’avais l’impression que cela avait marché. Il reprit :
— On va pouvoir
s’entendre, il faut que je voie mon client. On sera au-dessus de trente à votre
avis ?
— Oui, répondit René,
pourquoi ?
— Parce que cela fait une
sacrée différence, pense que ça fait un petit paquet de fric trente kilos d’or.
Vous êtes vernis quand même.
— Si on veut, mais on
n’agit pas pour nous. On est pas des intermédiaires non plus, mais voilà…
— Bien, dit Hoblette,
enchanté d’avoir fait votre connaissance, monsieur… Fortunio. Pour moi, si nous
faisons affaire, ce sera un jour à marquer d’une pierre blanche. Et soyez
rassuré, j’ai envie de faire affaire et sans embrouilles comme vous le dites si
bien.
Il se leva et me tendit
la main en souriant et je lui rendis son sourire et sa poignée de main.
— C’est toujours agréable
de parler avec des gens qui savent faire des affaires, monsieur Hoblette. Et
c’est votre cas. A bientôt.
— A bientôt, répondit-il
et il serra la main à René. On se tient au courant.
Il s’en alla et nous
fîmes de même, chacun avec notre véhicule, direction Le Blédard et la soupe. Dois-je
le dire ? Le repas fut excellent, préparé par Colette, cuisinière hors pair et
de plus stimulée par les qualités culinaires de René-La-Science.
Après avoir mangé, je
revins dormir chez Michel. J’eus bien l’impression, sur la route, qu’un autre
véhicule m’emboîtait le pas depuis Le Blédard, mais j’attribuai ce soupçon à
une sorte de paranoïa naissante. Et je passai une fort bonne nuit, toujours
dans le lit de la chambre d’amis.
Quand il ne se passe
rien, ou bien peu de choses, le temps passe lentement, mais cela se raconte
bien vite. Le lendemain matin, mercredi, je fis encore des métrés, je me
penchai sur ma table de travail pour avancer l’évaluation du prix des travaux à
réaliser. Il fallait d’une part envisager la réalisation de travaux
d’accessibilité en relation avec le récent handicap de Michel et d’autre part imaginer
un espace de travail où Magali pourrait exercer sa profession de kiné tout en
ayant la possibilité d’être disponible pour Michel.
(à suivre...)
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