Tout cela me laissait un
peu rêveur. Que faisais-je ici, moi l’amant fugace de Magali et copain malgré
moi de Michel. Etais-je pris dans une sorte de tourbillon ou me mettais-je
moi-même et consciemment dans un merdier ridicule ? Si Magali ne m’avait pas
trahi, je crois qu’il se serait passé quelque chose de plus entre nous. Mais,
malgré le fait qu’elle me l’ait avouée, je ne pouvais oublier cette trahison.
Je ne lui en voulais pas, mais le ver était dans le fruit…
Hoblette passa nous voir
deux jours plus tard : il avait besoin de savoir précisément le nombre de
pièces de chaque monnaie. Son client aurait besoin de six à huit semaines pour
avoir le règlement. La transaction se ferait « physiquement » chez René, de
préférence un matin de bonne heure.
Les choses avancent, me
répétai-je. Mais il fallait donc que nous ouvrions les autres cantines, que
nous fassions l’inventaire de leur contenu. Il fut convenu avec René que nous
irions le samedi matin au bois de Montieu. Nous ferions cet inventaire,
déciderions de notre commission, et fixerions le nombre de pièces que
nous vendrions par l’intermédiaire de Hoblette. Nous garderions une partie des
pièces que j’irais mettre dans le coffre le lundi. Une fois cela réglé, je
repartirais à nouveau chez moi.
Le samedi matin, René
passa me prendre et nous allâmes au bois de Montieu, dans le souterrain. Ce fut
un travail long et pénible. Il y avait plus de dix mille pièces, deux cantines
avec des napoléons et une avec des unions latines. Nous prîmes cinq-cents
napoléons pour chacun de nous. Nous décidâmes de vendre la cantine d’union
latine et une de napoléons, en gros quarante kilos. Le reste irait dans le
coffre à la banque où le rejoindrait le paiement « Hoblette ». Ce qui devait
aller dans le coffre fut mis dans quatre solides petits sacs, notre part dans
d’autres petits sacs, le reste fut de nouveau planqué soigneusement. Nous
allâmes manger chez René où je restai coucher sur un canapé, ce qui surprit
Colette, mais René lui expliqua que Vallin n’était pas prévenu pour le bois du
Blédard et que la maison de Michel n’était pas libre. Je passai la journée de
dimanche avec René et Colette puis ce fut René qui vint avec moi chez Michel où
lui, René, passa la nuit avec moi. Avec cette somme sous la main, si on peut
dire, ni lui ni moi ne voulions être seul. Mais tout se passa bien et le lundi
matin je partis pour Toulouse où je fis mon dépôt dans le coffre à la banque.
Je passai voir Michel,
mais il était en soins de réadaptation et non visible. En sortant, je passai un
coup de fil chez le frère et la belle-soeur de Magali, mais je n’eus que le répondeur
sur lequel je laissai un message pour signaler mon départ vers Marmande.
La vie reprit comme
avant. Les chantiers m’attendaient et je me mis derechef au boulot. Nous nous
appelions régulièrement avec René, il avait informé Hoblette du nombre de
pièces que nous avions décidé de vendre. Il nous restait à attendre qu’il se
manifeste pour la transaction. J’appelai aussi de temps en temps Magali. Elle
était en formation accélérée pour son permis et les choses semblaient se passer
bien. Pour Michel, c’était toujours le statu quo, mais les médecins pensaient
qu’on pouvait espérer des améliorations avec le temps. Magali me remerciait du
travail que j’avais fait, elle avait déjà contacté des entreprises et voulait
savoir si je reviendrais pour les rencontrer. J’acceptai mais toutefois je
demandai à ce que cela n’ai pas lieu dans l’immédiat. Magali désirait de toute façon
être sur place pour faire démarrer les travaux. J’avais quelques semaines de
répit pour faire avancer mes chantiers et je reviendrais pour cela et pour la
transaction avec Hoblette en même temps.
Les choses avancent, me
répétai-je encore.
(à suivre...)
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