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jeudi 4 janvier 2018

René-la-Science (83)



— Votre séjour a créé quelques remous dans la région, j’aurais aimé vous en parler mais je n’ai pas le temps maintenant. Essayez de repasser à un autre moment, c’est vous qui voyez… me dit-elle d’un air entendu.
— Je n’y manquerai pas, mais j’appellerai avant de passer, pour savoir si je ne dérange pas, répondis-je sur le même ton.
Je saluai la mère et la fille et j’allai retrouver mon fidèle destrier, mon fourgon, garé non loin de là. De retour chez Michel, je fis un peu de rangement afin de recevoir le plus correctement possible notre conseiller financier.
René arriva à dix-sept heures, suivi de ce monsieur Hoblette. C’était un gars assez détendu, moustache et panse généreuse mais fringué façon guichet de banque : costume gris, chemise à rayures et cravate bleu acier. Nous nous assîmes autour d’un café et René prit la parole.
— Donc, nous voudrions savoir si tu connais des gens qui sont intéressés par l’achat de pièces d’or. Des napoléons et des unions latines en principe.
— Il y a toujours des gens intéressés pour acheter de l’or, répondit Hoblette. Il y a des gens qui sont intéressés par des petites quantités, mais parfois aussi par de grosses quantités. Vous ne cherchez tout de même pas à fourguer le produit d’un vol quand même ?
— Absolument pas, mais nous voudrions être payés de manière anonyme, si je puis dire, ajouta René.
— De toute façon, ce n’est pas la peine de faire de mystères, je suis persuadé que vous avez trouvé une marmite avec des pièces d’or et que vous ne voulez pas déclarer votre trouvaille, votre invention. Moi j’ai un client qui est prêt à acheter de l’or, il paie en espèces ou en bons de caisse, des bons anonymes. Si c’est des bons, vous serez bien obligés de les déclarer à l’échéance, à vous de voir. Vous ne saurez pas qui est mon client et lui ne saura pas qui vous êtes. Tu m’as dit qu’il y en avait au moins vingt kilos ?
— Oui, sûrement, répondit René.
— Cela fait un joli paquet. On peut procéder de la manière suivante : on se met d’accord sur un cours à un jour donné, le gars vous paie dix pour cent en dessous du cours et moi je prends douze pour cent de la transaction.
— Tu y vas fort, Hoblette, douze pour cent ! Interrompit René.
— Des clients pour acheter vingt kilos d’or dans ces conditions, cela existe. Trouvez-les si vous pouvez. Moi j’en connais un, chacun sa partie, René.
— Attends, il y a plus que vingt kilos, tu vas te faire des couilles en or mon pote, persifla René.
— S’il y a trente kilos ou plus, je veux bien descendre à dix pour cent. Mais on ne va pas en discuter jusqu’à minuit, moi j’ai le client, vous avez l’or je suppose, à vous de décider.
— Qu’en penses-tu, Fortunio ? Me demanda René.
(à suivre...)

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