— Votre séjour a créé
quelques remous dans la région, j’aurais aimé vous en parler mais je n’ai pas
le temps maintenant. Essayez de repasser à un autre moment, c’est vous qui
voyez… me dit-elle d’un air entendu.
— Je n’y manquerai pas,
mais j’appellerai avant de passer, pour savoir si je ne dérange pas,
répondis-je sur le même ton.
Je saluai la mère et la
fille et j’allai retrouver mon fidèle destrier, mon fourgon, garé non loin de
là. De retour chez Michel, je fis un peu de rangement afin de recevoir le plus
correctement possible notre conseiller financier.
René arriva à dix-sept
heures, suivi de ce monsieur Hoblette. C’était un gars assez détendu, moustache
et panse généreuse mais fringué façon guichet de banque : costume gris, chemise
à rayures et cravate bleu acier. Nous nous assîmes autour d’un café et René
prit la parole.
— Donc, nous voudrions
savoir si tu connais des gens qui sont intéressés par l’achat de pièces d’or.
Des napoléons et des unions latines en principe.
— Il y a toujours des
gens intéressés pour acheter de l’or, répondit Hoblette. Il y a des gens qui
sont intéressés par des petites quantités, mais parfois aussi par de grosses quantités.
Vous ne cherchez tout de même pas à fourguer le produit d’un vol quand même ?
— Absolument pas, mais
nous voudrions être payés de manière anonyme, si je puis dire, ajouta René.
— De toute façon, ce
n’est pas la peine de faire de mystères, je suis persuadé que vous avez trouvé
une marmite avec des pièces d’or et que vous ne voulez pas déclarer votre
trouvaille, votre invention. Moi j’ai un client qui est prêt à acheter
de l’or, il paie en espèces ou en bons de caisse, des bons anonymes. Si c’est
des bons, vous serez bien obligés de les déclarer à l’échéance, à vous de voir.
Vous ne saurez pas qui est mon client et lui ne saura pas qui vous êtes. Tu
m’as dit qu’il y en avait au moins vingt kilos ?
— Oui, sûrement, répondit
René.
— Cela fait un joli
paquet. On peut procéder de la manière suivante : on se met d’accord sur un
cours à un jour donné, le gars vous paie dix pour cent en dessous du cours et
moi je prends douze pour cent de la transaction.
— Tu y vas fort,
Hoblette, douze pour cent ! Interrompit René.
— Des clients pour
acheter vingt kilos d’or dans ces conditions, cela existe. Trouvez-les si vous
pouvez. Moi j’en connais un, chacun sa partie, René.
— Attends, il y a plus
que vingt kilos, tu vas te faire des couilles en or mon pote, persifla René.
— S’il y a trente kilos
ou plus, je veux bien descendre à dix pour cent. Mais on ne va pas en discuter
jusqu’à minuit, moi j’ai le client, vous avez l’or je suppose, à vous de décider.
— Qu’en penses-tu,
Fortunio ? Me demanda René.
(à suivre...)
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