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dimanche 25 mars 2018

Chronique de Serres et d’ailleurs III (26)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. S’il est un moment traditionnel pour tout président de notre république, c’est bien la visite du salon de l’agriculture. Notre actuel et enmarchiste président ne s’y est pas soustrait et ne s’en est pas trop mal sorti si on le compare à ses deux prédécesseurs mais il est bien loin d’en faire un parcours de santé comme Jacques Chirac avant eux. Bien sûr, les agriculteurs officiels ont toujours une préférence pour les notables de droite - sinon plus – mais, quoiqu’énarque, le grand Jacques avait le feeling pour tâter le pouls des agriculteurs et le cul des vaches. Sans compter un généreux coup de fourchette et une bonne descente pour accompagner le tout. Mais je ne suis pas là pour faire l’apologie ou l’oraison funèbre précoce de ce vieux coquin et, pour en dire tout le mal nécessaire, il faudrait bien plus de temps que celui qui m’est imparti.
Et à propos d’agriculture, s’il en est en ce moment qui se préoccupent de la ruralité, ce sont bien les sénateurs. Il a été question il y a peu de leur empressement au chevet des maires de France qui sont, outre leur vivier naturel, leur électorat et il est grand temps pour eux de se préoccuper de ces électeurs qui sont appelés grands, non pour leur haute taille ou leur grande bravoure, mais pour leur poids dans les urnes. Et comme les prochaines élections sénatoriales auront lieu en 2020, il ne faudrait pas se laisser oublier de cet électorat gourmand en attentions diverses. Et, par-delà les coups de brosse à reluire que les sénateurs leurs envoient, il est une chose qui, de nos jours, est d’une efficacité redoutable, c’est de savoir reconnaître à ses affidés un statut de victime. En effet, qu’y a-t-il de mieux que de savoir se faire plaindre pour faire parler de soi en bien ? Même lorsqu’on profite des largesses et prébendes de l’Etat, il faut dire et faire savoir que l’on souffre, par exemple d’être incompétent, de gaspiller l’argent public et que c’est une dure épreuve de toucher des indemnités, des jetons de présence et autres rétributions. En réalité, ce n’est pas tout à fait de cela que se plaignent ces élus et, pour le savoir, les sénateurs ont diligenté une enquête exhaustive auprès de ces trente-six mille personnes ou plus. Et les résultats de la dite enquête ont comblé de félicité les hôtes du palais du Luxembourg qui se sont empressés d’en faire part aux médias. Bien sûr, lorsque l’on fait une enquête et que l’on n’obtient pas les résultats escomptés, on n’en parle pas ou on ne cite strictement que ce qui vous convient. Mais une telle enquête est-elle faite pour amener de mauvaises réponses ? Certainement pas et pour obtenir les réponses que l’on souhaite, quoi de mieux que de poser des questions subtilement orientées dans le sens voulu. Et dans le cas qui nous intéresse, le sens voulu c’est démontrer que les maires de France sont de malheureuses victimes qui se sacrifient en abusant tant de petits fours que de pouvoir, qui en ont marre de jouer les petits potentats locaux et qui ne veulent plus assumer les responsabilités qui sont les leurs. Donc et par conséquent, une proportion considérable d’entre eux envisage de ne plus se représenter. Envisage seulement car on peut être certains qu’une forte proportion de cette proportion se fera douce violence au moment des élections, susurrant des choses telles que : « je n’en voulais plus mais on a tellement insisté… vous comprenez bien que personne n’en voulait » et patin couffin. C’est l’hypocrisie habituelle qui fait que des octogénaires et même plus sont encore aux manettes et surtout évitent d’ouvrir leur succession. Parfois, ne s’étant plus représentés comme premier édile, ils continuent toutefois d’émarger dans des syndicats de voirie, des eaux ou d’électrification… ou mieux encore, au Sénat.
On voit par-là que les ânes se frottent aux ânes mais qu’il faudra encore du fric pour leur remplir la mangeoire.

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