Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. S’il
est un moment traditionnel pour tout président de notre république, c’est bien
la visite du salon de l’agriculture. Notre actuel et enmarchiste président ne
s’y est pas soustrait et ne s’en est pas trop mal sorti si on le compare à ses
deux prédécesseurs mais il est bien loin d’en faire un parcours de santé comme
Jacques Chirac avant eux. Bien sûr, les agriculteurs officiels ont toujours une préférence pour les notables de droite -
sinon plus – mais, quoiqu’énarque, le grand Jacques avait le feeling pour tâter
le pouls des agriculteurs et le cul des vaches. Sans compter un généreux coup
de fourchette et une bonne descente pour accompagner le tout. Mais je ne suis
pas là pour faire l’apologie ou l’oraison funèbre précoce de ce vieux coquin et,
pour en dire tout le mal nécessaire, il faudrait bien plus de temps que celui
qui m’est imparti.
Et à propos d’agriculture, s’il en est en ce
moment qui se préoccupent de la ruralité, ce sont bien les sénateurs. Il a été
question il y a peu de leur empressement au chevet des maires de France qui
sont, outre leur vivier naturel, leur électorat et il est grand temps pour eux
de se préoccuper de ces électeurs qui sont appelés grands, non pour leur haute
taille ou leur grande bravoure, mais pour leur poids dans les urnes. Et comme
les prochaines élections sénatoriales auront lieu en 2020, il ne faudrait pas
se laisser oublier de cet électorat gourmand en attentions diverses. Et,
par-delà les coups de brosse à reluire que les sénateurs leurs envoient, il est
une chose qui, de nos jours, est d’une efficacité redoutable, c’est de savoir
reconnaître à ses affidés un statut de victime. En effet, qu’y a-t-il de mieux
que de savoir se faire plaindre pour faire parler de soi en bien ? Même
lorsqu’on profite des largesses et prébendes de l’Etat, il faut dire et faire
savoir que l’on souffre, par exemple d’être incompétent, de gaspiller l’argent
public et que c’est une dure épreuve de toucher des indemnités, des jetons de
présence et autres rétributions. En réalité, ce n’est pas tout à fait de cela
que se plaignent ces élus et, pour le savoir, les sénateurs ont diligenté une
enquête exhaustive auprès de ces trente-six mille personnes ou plus. Et les
résultats de la dite enquête ont comblé de félicité les hôtes du palais du
Luxembourg qui se sont empressés d’en faire part aux médias. Bien sûr, lorsque
l’on fait une enquête et que l’on n’obtient pas les résultats escomptés, on
n’en parle pas ou on ne cite strictement que ce qui vous convient. Mais une
telle enquête est-elle faite pour amener de mauvaises réponses ?
Certainement pas et pour obtenir les réponses que l’on souhaite, quoi de mieux
que de poser des questions subtilement orientées dans le sens voulu. Et dans le
cas qui nous intéresse, le sens voulu c’est démontrer que les maires de France
sont de malheureuses victimes qui se sacrifient en abusant tant de petits fours
que de pouvoir, qui en ont marre de jouer les petits potentats locaux et qui ne
veulent plus assumer les responsabilités qui sont les leurs. Donc et par
conséquent, une proportion considérable d’entre eux envisage de ne plus se
représenter. Envisage seulement car on peut être certains qu’une forte
proportion de cette proportion se fera douce violence au moment des élections,
susurrant des choses telles que : « je n’en voulais plus mais on a tellement insisté… vous comprenez
bien que personne n’en voulait » et patin couffin. C’est l’hypocrisie
habituelle qui fait que des octogénaires et même plus sont encore aux manettes
et surtout évitent d’ouvrir leur succession. Parfois, ne s’étant plus représentés
comme premier édile, ils continuent toutefois d’émarger dans des syndicats de
voirie, des eaux ou d’électrification… ou mieux encore, au Sénat.
On voit par-là que les ânes se frottent aux ânes
mais qu’il faudra encore du fric pour leur remplir la mangeoire.
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