Il s’approcha en levant
sa canne.
Il me sembla entendre un
bruit léger derrière moi, comme si un autre véhicule était passé derrière la
maison. Je ne sus plus que dire, le Siméon s’approcha encore, pointant sa canne
vers moi.
— Si vous me menacez, je
refuse de parler avec vous, reculez immédiatement, dis-je.
Le Siméon s’avança encore
comme pour me frapper. A ce moment-là, la porte arrière vers le cellier
s’ouvrit et je vis mon pote René, oui René-La-Science, se précipiter, souple
comme un chat, vers le Siméon. Il braquait le browning sur le Siméon qui
s’arrêta, interloqué.
— Alors, et moi, on ne
m’invite pas quand il y a une petite fête ? Dit-René d’une voix douce. Et mon
ami a raison, vous pourriez reculer un peu, allez allez, un peu d’espace ou je
me fâche…
— Pas… pas question,
répondit Siméon, blême.
—
Ou je me fâche, répéta René, ou je me fâche…
— Pas… pas…
Il y eut une déflagration
terrible, le coup était parti, la balle traversa l’imposte vitrée de la fenêtre
mais n’avait apparemment pas touché le Siméon qui, de blême était passé au
vert. Il laissa tomber sa canne et regardait dans le vague devant lui, les
lèvres tremblantes. Il lâcha un son mouillé, trahissant une flatulence
incongrue. Les autres étaient tétanisés. Seul, Vitteaux dit :
— Oh, les gars c’est bon
on se tire.
Mais personne ne bougea.
Je regardai le Siméon qui était planté, les bras un peu écartés du corps et les
genoux légèrement fléchis, et vis au niveau de sa braguette une tache
s’élargir. Pas de doute, il avait vraiment eu peur. Et on entendit Michel crier
:
— Ga… Ga… Gaby, il… il…
son froc…
Un silence suivit, puis
Roger s’ébroua, venant vers moi. En une fraction de seconde, comme un danseur
fait un entrechat, René lui fit face, sourire carnassier aux lèvres, le
browning tenu à deux mains, braqué sur la poitrine de Fauchet fils.
— J’ai plus envie de
rire, dit René, ton père ne méritait pas une balle dans la peau, mais toi
peut-être. Je sais bien des choses sur toi et je sais ce que tu mérites. A
genoux, Fauchet, à genoux…, ajouta-t-il en lui poussant le canon sur le plexus.
A genoux, j’ai dit, cria-t-il sèchement. Et les mains sur la tête !
— Oui, dit Roger en
s’agenouillant et croisant les doigts sur le sommet de son crâne, oui, oui…
— Et maintenant, tu vas
me faire un petit plaisir, dit René en lui donnant un coup sec du canon de son
arme sur le sommet du crâne. Un joli petit plaisir. Tiens, suce !
(à suivre...)
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