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jeudi 22 mars 2018

René-la-Science (94)



Il s’approcha en levant sa canne.
Il me sembla entendre un bruit léger derrière moi, comme si un autre véhicule était passé derrière la maison. Je ne sus plus que dire, le Siméon s’approcha encore, pointant sa canne vers moi.
— Si vous me menacez, je refuse de parler avec vous, reculez immédiatement, dis-je.
Le Siméon s’avança encore comme pour me frapper. A ce moment-là, la porte arrière vers le cellier s’ouvrit et je vis mon pote René, oui René-La-Science, se précipiter, souple comme un chat, vers le Siméon. Il braquait le browning sur le Siméon qui s’arrêta, interloqué.
— Alors, et moi, on ne m’invite pas quand il y a une petite fête ? Dit-René d’une voix douce. Et mon ami a raison, vous pourriez reculer un peu, allez allez, un peu d’espace ou je me fâche…
— Pas… pas question, répondit Siméon, blême.
— Ou je me fâche, répéta René, ou je me fâche…
— Pas… pas…
Il y eut une déflagration terrible, le coup était parti, la balle traversa l’imposte vitrée de la fenêtre mais n’avait apparemment pas touché le Siméon qui, de blême était passé au vert. Il laissa tomber sa canne et regardait dans le vague devant lui, les lèvres tremblantes. Il lâcha un son mouillé, trahissant une flatulence incongrue. Les autres étaient tétanisés. Seul, Vitteaux dit :
— Oh, les gars c’est bon on se tire.
Mais personne ne bougea. Je regardai le Siméon qui était planté, les bras un peu écartés du corps et les genoux légèrement fléchis, et vis au niveau de sa braguette une tache s’élargir. Pas de doute, il avait vraiment eu peur. Et on entendit Michel crier :
— Ga… Ga… Gaby, il… il… son froc…
Un silence suivit, puis Roger s’ébroua, venant vers moi. En une fraction de seconde, comme un danseur fait un entrechat, René lui fit face, sourire carnassier aux lèvres, le browning tenu à deux mains, braqué sur la poitrine de Fauchet fils.
— J’ai plus envie de rire, dit René, ton père ne méritait pas une balle dans la peau, mais toi peut-être. Je sais bien des choses sur toi et je sais ce que tu mérites. A genoux, Fauchet, à genoux…, ajouta-t-il en lui poussant le canon sur le plexus. A genoux, j’ai dit, cria-t-il sèchement. Et les mains sur la tête !
— Oui, dit Roger en s’agenouillant et croisant les doigts sur le sommet de son crâne, oui, oui…
— Et maintenant, tu vas me faire un petit plaisir, dit René en lui donnant un coup sec du canon de son arme sur le sommet du crâne. Un joli petit plaisir. Tiens, suce !
(à suivre...)

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