Trois semaines passèrent
puis Magali m’appela pour me dire que Michel sortait de clinique et qu’ils
revenaient tous les deux à Clézeau. Elle venait de passer la conduite et avait
donc enfin son permis de conduire. Je proposai donc de venir les voir et de
mettre au point le projet de chantier. Rendez-vous fut pris pour le lendemain de
leur retour, j’arriverais le vendredi dans l’après-midi et logerais sur place
pendant le week-end.
Je prévins René de mon
retour et nous envisageâmes de nous voir le dimanche. J’arrivai donc vers les
seize heures chez Michel. Il semblait en forme, mais il ne semblait pas avoir
vraiment progressé pour ce qui était de l’expression. On ne pouvait pas savoir
s’il était heureux d’être de retour chez lui. Magali, avec l’aide de son frère,
avait installé un lit dans une pièce au rez-de-chaussée en attendant mieux. Nous
discutâmes longuement du projet de restauration de la maison, puis nous nous
mîmes à envisager le repas. Magali avait prévu de bonnes choses pour
m’accueillir et nous nous mîmes à préparer un petit festin. Michel, dans sa
chaise roulante, suivait à peine des yeux le mouvement.
Nous nous installâmes ensuite
pour manger, il fallait aider Michel car il était maladroit dans ses gestes
avec son unique main valide. L’ambiance était agréable, la chère bonne et notre
discussion animée.
Le repas terminé, Magali
fit la vaisselle et je l’essuyai et la rangeai (la vaisselle). Nous avions
mangé de bonne heure et nous terminions de ranger lorsque nous entendîmes une
voiture s’arrêter. Je supposai que René venait nous faire une petite visite et
je m’apprêtais à aller ouvrir la porte lorsqu’elle s’ouvrit brutalement laissant
entrer Roger Fauchet. Je regardai Magali, elle était blême et avait les lèvres
qui tremblaient. Après Roger entrèrent deux autres hommes, un qui marchait aidé
d’une canne qui me sembla être son père, le Siméon. Quant à l’autre, je
supposai que c’était l’inconnu au bataillon de Sylvie. Les trois hommes
nous faisaient face, nous étions Magali, Michel et moi d’un côté de la table et
les trois autres de l’autre côté.
— On entre sans frapper
maintenant, dis-je.
— Je frappe et j’entre,
mon gars. On a un compte à régler, nous autres.
— Tu viens pour le
chantier du château si je comprends bien, mais cela me concerne moi et pas mes
amis Michel et Magali.
— On vient pas pour ça,
on vient parce que tu as chopé un magot et tu vas nous dire ce que tu en as
fait. C’est pas à toi et ce magot, c’est nos oignons. Tu vas nous dire où tu l’as
planqué.
— Et vite, dit Roger d’un
air menaçant et en commençant à faire le tour de la table par la gauche alors
que l’homme à la canne contourne la table par la droite.
Je me sentis un peu
paniqué, les deux gonziers se rapprochèrent, le troisième resta de l’autre côté
de la table. On entendit arriver un autre véhicule et ils marquèrent un temps
d’arrêt. Un quatrième personnage, plus âgé que les autres, entra dans la pièce.
Je reconnus Vitteaux. Il resta au fond.
— Ce serait peut-être le
moment de faire les présentations, dis-je pour meubler le silence qui s’était
installé. Je connais monsieur Fauchet, certes, mais pas les trois autres mousquetaires.
La moindre des choses serait de se présenter, messieurs…
— Pour les présentations,
on repassera, parle-nous du magot maintenant, dit l’homme à la canne, le
supposé Siméon.
(à suivre...)
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