Il y en a qui prétendent
qu’en amour, le meilleur moment c’est quand on monte l’escalier. Ceux qui
disent cela n’ont jamais connu Sylvie. Je choisis d’aller dans la chambre au
grand lit. Ce n’est pas parce que Sylvie était prise par le temps que le
travail fut bâclé. L’essentiel y était, douche comprise (en français
dans le texte).
Nous redescendîmes dans
la cuisine pour estimer que le café est à parfaite température.
— Belle performance de
votre part, monsieur Fortunio, le café semble être encore brûlant, me dit
Sylvie.
— Merci, dirais-je. Mais
puisque le temps presse, votre petit doigt aurait-il rapidement à me susurrer
un petit mot à l’oreille ? Demandé-je.
— Voilà ce qu’il a à
dire, mon petit doigt : je savais que tu étais dans le coin. Il y a cons s’il y
a bulles et les Fauchet font des bulles en ce moment. Père et fils, avec un troisième
pingouin, inconnu au bataillon, causent de toi, tu sais l’autre rigolo du
47. Et on dirait que t’es un vilain pas beau, à ce qu’ils disent. Mais je
n’en sais pas plus car je les ai entendus en passant comme cela à la ferme des
Fauchet, chez les parents de Roger. J’allais chercher des fleurs. Mais on
dirait qu’ils cherchent à te surveiller, plus pour une histoire de fric que de
chantier. Alors, je te le redis, c’est toi qui vois. Moi, maintenant je dois y
aller, je n’ai pas fini de livrer mes fleurs. Mais merci pour le café, mon
Fortunio chéri…
— Mais c’est moi qui te
remercie, je me serais ébouillanté avec ce café, tu as su me faire patienter
dans la joie et le plaisir.
— Si c’est tout ce que
cela te fait, il vaut mieux en effet que je m’en aille. A moins que tu ne dises
des bêtises parce que tu n’oses pas m’avouer que tu es fou de moi.
— Tu auras toujours le
dernier et le meilleur mot, file ma douce, dis-je en la poussant vers le
cellier.
— Adieu, galant cavalier.
Et elle monta dans sa
passiflora et partit en m’envoyant un dernier bisou.
La nuit fut, ma foi, de
bonne qualité et dès le lendemain matin, après avoir refermé la maison, je
repartis sur Marmande. Je restai en contact par téléphone avec René et Magali.
Sylvie m’appela aussi une
fois et cela m’émut beaucoup.
Je n’avais aucune
nouvelle de l’architecte de monsieur de Montieu, mais cela ne me tracassait pas
trop, au contraire. René me parlait de son projet de voyage et de ses idées pour
l’utilisation de son pécule en pièces d’or. Magali mettait les bouchées doubles
pour son permis. Elle avait obtenu le code et allait bientôt passer la conduite.
Et Sylvie, comment dire ?
Elle m’avait appelé pour me dire que les trois mousquetaires étaient plutôt
nerveux et qu’ils se posaient bien des questions au sujet de mon absence. Mais
cela, c’était le prétexte pour m’appeler. Le vrai sujet était qu’elle m’aimait
et voulait me revoir. Et le hic dans cette histoire, c’est que je partageais
assez son point de vue.
(à suivre...)
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