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jeudi 17 septembre 2020

Appelez-moi Fortunio (84)

-          Je pensais qu’en étant au Comité on buvait gratis, dit-il.

-          C’est possible mais je n’aimerais pas que tu m’offres une bière gratuite… et puis il faut faire rentrer des sous dans la caisse…

-          Pas d’objection, je me rends à vos arguments…

-          Alors, raconte, tu es ici en vacances ou tu t’installes dans la région ?

-          Plutôt en vacances, je dirais. J’habite en Lot-et-Garonne…

-          Ah. Moi, ça fait six ans que j’habite ici, l’ancienne école. C’est pas facile de trouver une maison à louer assez grande avec quatre gosses et un homme.

-          Il n’y a plus d’école ici ?

-          Si, une école toute neuve, l’ancienne était trop petite, ils l’ont restaurée pour la louer. Elle était trop petite comme école mais pas assez grande pour faire plusieurs logements et puis ils cherchaient à faire venir une famille avec enfants, justement pour l’école…

-          Tout cela me dépasse un peu, je dois dire…

-          T’as pas d’enfants, si je comprends bien ?

-          Ni femme ni enfant, juste une bétonnière et trois ouvriers. Je vis seul et en ménage avec ma truelle…

-          C’est passionnant tout ça ! On danse ?

-          Et le mari ? Il danse pas ?

-          D’abord c’est pas mon mari, ensuite il est censé garder les gosses, c’est-à-dire qu’il est devant la télé avec un pack de kros et il s’endort entre la troisième et la quatrième !

-          Bien, allons danser. Là il y a une espèce de rock, ça vous plaît ?

-          Pas trop, je danse pas bien mais le slow, ça passe tout seul…

-          Allons, je ne suis pas un professeur mais on va essayer.

L’ambiance aidant, ils se lancent au milieu de la piste. Le résultat n’est pas terrible mais ils se marrent bien. Ensuite vient un slow assez sympa, Albert sent bien sa cavalière contre lui , la tête sur on épaule. A un moment, elle bascule la tête en arrière et le regarde dans les yeux. Ses yeux verts lui font un regard magnétique qui lui met un frisson dans la moelle de tous les os.

Brutalement, les lumières s’éteignent et la musique s’arrête. Un coup de tonnerre éclate au-dessus d’eux et un brusque coup de vent balaie les gobelets et les serviettes sur les tables.

Les danseurs, plongés dans le noir, se sont arrêtés de danser. Par moments, des éclairs jettent une lueur fugace sous la tente. Rosa n’a pas lâché Albert, ils s’embrassent langoureusement, profitant de l’obscurité.

D’un coup, la lumière revient avec la musique, Albert et Rosa ont glissé doucement vers le fond de la piste mais un éclair violent suivi immédiatement du tonnerre éclate, le courant est de nouveau coupé.

D’autres éclairs, d’autres grondements de tonnerre, puis une bourrasque brutale secoue le barnum qui se couche puis se redresse. L’évacuation est générale dans une tempête qui menace.

 (à suivre...)

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