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jeudi 18 février 2021

Dernier tableau (16)

– Rien du tout, je fais cela pour la gloire et j’ai le plaisir de boire un coup avec toi.

– Oh, inutile de rêver, dit André en extrayant l’enveloppe de sa poche intérieure, si les riches sont riches, ce n’est pas pour rien, c’est qu’y jettent pas l’argent par les fenêtres quand les pauvres passent en dessous. Tiens, qu’est-ce que je te disais, un billet de dix euros ! Ma chère, elle ne va pas se ruiner avec ça, la Blévec. Bon eh bien, je le garde et c’est moi qui paye. On remet ça ?

– Allez, il faut bien le boire ce billet, un autre vite fait sur le gaz.

– Patron, on remet ça ! En tout cas, si tu avais besoin de moi un jour, je vais te laisser mon numéro de portable, n’hésite pas, tu m’appelles et si je peux, je vole à ton secours.

 

Ils boivent un second Pernod puis retournent chez Marondeau. André se fait payer sa prestation, ils plaisantent un peu au sujet de Madame, puis André s’en va, laissant Raymond et Hervé.

 

– Mon cher Hervé, il est maintenant un peu tard pour vous offrir un thé et je crois avoir compris que vous vous êtes arrêtés à quelque troquet pour mettre à mal le généreux pourboire que vous avez gagné. Cela dit, je vous propose un gentleman’s agreement pour vous rémunérer de ce signalé service que vous m’avez rendu : j’ai quelque chose pour vous, un tableau qui correspond certainement à ce que vous recherchez et votre prix sera le mien. Mais pour ce soir, il est trop tard pour que je vous en raconte l’histoire. Car vous vous en doutez, il a une histoire et elle m’est revenue en mémoire grâce au tableau que vous avez livré cet après-midi. Revenez donc mardi à l’heure du thé par exemple, voulez-vous ?

– Va pour mardi, Raymond, mais d’ici là je vais trouver le temps long car vous avez aiguisé ma curiosité. Je rongerai donc mon frein en attendant.

– Allons, allons, vous ne regretterez pas d’avoir attendu, je vous le promets.

 

Hervé retourne chez lui, intrigué par ce que lui a dit Marondeau mais, baste, il faudra bien attendre. Le dimanche ensoleillé lui permet encore de partir faire une bonne balade de plusieurs heures à pied. Le lundi est plus morose, la pluie tombe toute la journée mais Hervé a de l’occupation car il commence à se servir de son nouvel ordinateur portable et il a maintenant une connexion qui lui permet de naviguer sur le net.

 

*

 Le mardi matin, malgré le temps maussade, il va faire une longue promenade en bord de mer. Il aime le soleil, mais il apprécie aussi les couleurs atténuées sous les nuages sombres. à midi, il s’arrête dans un petit restaurant de fruits de mer et se régale d’huitres, d’amandes, de bulots, de crevettes et de tourteau. Après être repassé chez lui, il revient vers chez Marondeau, devançant quelque peu l’heure du thé, mais Raymond lui a mis l’eau à la bouche avec son histoire de tableau.

Lorsqu’il entre dans le magasin, Raymond est en grande discussion avec un autre homme assez âgé.

 

– Mon cher Hervé, entrez, je suis certain que vous pensez que vous jouez de malchance et que je suis fort occupé avec Monsieur. Mais venez que je vous présente : Monsieur Landau, je vous présente mon ami Hervé Magre. Hervé, je vous présente Monsieur Landau. Monsieur Landau était professeur aux Beaux-arts à Paris, peintre lui-même et expert en peinture. Il est aussi le père de Maurice Landau, vous en avez certainement entendu parler, le sculpteur. Un grand artiste ! Monsieur Landau est passé me faire une visite et j’aimerais bien le retenir un peu, nous prendrions le thé tous les trois et je vous raconterais enfin l’histoire de mon petit tableau. Je regrette seulement que la belle marine de Leyden ne soit plus ici, j’aurais tellement aimé vous la montrer, mon cher Landau. Faites-vous inviter chez le maire de Saint-Lambaire, vous la verrez dans son salon.

 (à suivre...)

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