Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. Un de mes poèmes a obtenu le premier prix d’un concours organisé par le CADAC de Saint-Vite dans le cadre du Printemps des poètes 2020. La proclamation des résultats s’est faite confidentiellement une dizaine de mois plus tard, retardée par les mesures gouvernementales. En toute immodestie, je me permettrai de vous déclamer ce poème primé. Le concours avait pour thème « Le courage » et j’ai écrit ce poème en hommage à un de mes oncles, frère de mon père, qui, après s’être tu sous la torture, mourut en camp de concentration pour faits de résistance. Son nom de code était « Zig ». Le poème porte son prénom ainsi que l’année de sa mort et s’intitule donc : « Emmanuel 1945 ».
Jolis trains à vapeur empanachés de blanc, / Tels des chevaux ardents, sillonnant la verdure, / Spectacle fascinant à travers la froidure, / Vous haletiez encor, votre sifflet hurlant.
Feignant ne rien savoir pour vivre sans remords / Mais vous le saviez bien, de Gand jusqu’à Bruxelles, / Terminus Nordhausen, crachant vos étincelles / Vers les camps de travail, vers les camps de la mort.
Avec pour tous wagons des fourgons à bétail, / Pis encor des plateaux bordés de simples chaines / Où gisaient des captifs voyant leurs morts prochaines, / Bien avant que du camp ils fussent au portail.
Toi Zig, dans leurs prisons, ils t’avaient harcelé / Dans ta chair, dans tes os, cruels et sans relâche. Les coups et le carcan, mais tu ne fus pas lâche, / Tu ne voulus parler, ils n’ont rien décelé.
Silence douloureux qui protégea les tiens / Et qui te fit partir vers ces camps de supplice. / Fallait-il du courage à boire ce calice, / Fallait-il du courage à demeurer chrétiens ?
Ton message dernier, malgré les surveillants, / Fut Georges Gibier Ours, trois mots tels des sésames. Ils ont brulé vos corps sans connaitre vos âmes, / Elles luisent toujours tels des astres brillants.
Emmanuel ton nom, un cri d’éternité ! Courage n’est qu’un mot, prononcé par les autres / Mais vous n’y pensiez pas car il n’était des vôtres. / Où le mot n’est plus rien, l’acte est pérennité.
C’est fini et c’est une histoire vraie.
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